Les pansements à privilégier pour les escarres
« Il n’existe pas de protocole consensuel qui recommande un pansement plutôt qu’un autre dans le traitement des escarres, explique Caroline Van Wijk. Les professionnels de la santé ont à leur disposition une grande variété de pansements qu’ils vont choisir en fonction du stade de l’escarre, de son aspect et des réactions individuelles des patients. »
La classification de l’escarre est établie en fonction de l’atteinte plus ou moins importante des tissus : érythème persistant (stade 1), phlyctène/ulcération du derme et/ou l’épiderme (stade 2), destruction de la peau et atteinte profonde des tissus sous-cutanés (stade 3), destruction étendue aux muscles, tendons, os (stade 4) puis des phases de cicatrisation : détersion, bourgeonnement et épithélialisation. La conduite à tenir dépend de la présence de nécrose, de fibrine, de l’importance des exsudats, de l’existence éventuelle d’une infection et de l’état des berges de la plaie.
Les hydrocolloïdes
Les pansements hydrocolloïdes sont des polymères de carboxyméthylcellulose sodique recouvert d’un film de polyuréthane et se présentent sous forme de plaques fines transparentes ou épaisses, de différentes tailles et de formes spécifiques pour le sacrum ou le talon. Un pansement hydrocolloïde est utilisé en début de traitement (stade 1 ou 2) et en fin de cicatrisation. Il reste en place au moins 48 heures ; en effet, il abîme la peau périlésionnellesi on l’enlève tous les jours. Il est laissé jusqu’à saturation, quand la plaque devient blanche et translucide, c’est-à-dire jusqu’à 7 jours. Pour l’ôter, prendre le pansement par les deux bords opposés afin de le décoller en douceur.
Les hydrocellulaires
Les hydrocellulaires, à base de mousse de polyuréthane, sont particulièrement absorbants. Ils favorisent la cicatrisation en régulant l’humidité des plaies. Ils sont très prisés car ils sont confortables, n’occasionnent pas d’odeur et n’adhèrent pas aux tissus. Ils sont indiqués en phase de bourgeonnement et d’épidermisation. Il existe de multiples formats, et des formes adhésives et non adhésives. Ces dernières sont maintenues par un pansement secondaire en jersey tubulaire. Le changement de pansement est effectué à saturation, selon la quantité d’exsudats. Aux côtés des hydrocellulaires à absorption moyenne et importante, on réserve les pansements superabsorbants aux escarres très productives (voir le tableau Les pansements hydrocellulaires page 43 du n°124 de Profession Pharmacien de mars 2017).
Les alginates
Les alginates, constitués de polysaccharides extraits d’algues marines, existent sous formes de compresses ou de mèches. Ils présentent un pouvoir absorbant et hémostatique. Ils facilitent la détersion et sont indiqués dans les plaies hémorragiques, exsudatives et fibrineuses, infectées ou non. La compresse ou la mèche est appliquée de manière à combler la plaie, puis recouverte d’un film adhésif ou de compresses. Le changement se réalise tous les jours si la plaie est infectée ou à saturation.
Les hydrofibres
Les hydrofibres sont des compresses ou mèches constituées de fibres de carboxyméthycellulose, à grande capacité d’absorption, se transformant en gel au contact des exsudats. Ils sont indiqués pour la détersion des plaies creuses (Urgoclean) ou très exsudatives (Aquacel). Ils comblent les plaies (laisser la mèche déborder d’un cm) et nécessitent d’être maintenus par un pansement secondaire (film ou compresses). Ils sont changés à saturation.
Les pansements gras
Tous les pansements gras sont indiqués en phase de cicatrisation dans les plaies non exsudatives et recouverts d’un pansement secondaire.
. Les tulles gras,trames imprégnées de vaseline, doivent être renouvelés tous les 1 à 2 jours. On les applique en plusieurs épaisseurs pour éviter qu’ils sèchent. Lors du retrait, il faut les humidifier.
. Les interfaces, constitués d’une trame synthétique enduite de paraffine, de silicone ou de carboxyméthylcellulose se distinguent des tulles gras, par leur faible adhérence et sont indolores au retrait. Ils seront changés tous les 2 à 3 jours.
Les hydrogels
Les hydrogels sont composés de 60 à 80% d’eau associés à de la carboxyméthylcellulose ou à d’autres composants et se présentent sous forme de gels ou de compresses ou de pansements. Ils sont indiqués dans les plaies nécrosées avant détersion mécanique. Ils sont renouvelés tous les 1 à 3 jours.
Le gel (Purilon, Intrasite…) est appliqué, après scarification de la plaque de nécrose, en couche épaisse sans dépasser le pourtour de la plaie. Il est recouvert d’un pansement secondaire comme un hydrocolloïde mince ou un film de polyuréthane type Tegaderm ou Opsite (mais jamais de compresses).
Les pansements irrigo-absorbants
sont indiqués dans les plaies sèches ou exsudatives, infectées ou non et ont pour objectif détersion et assainissement de la plaiepuis stimulation du bourgeonnement. Ils existent en plusieurs tailles et formats (rond, ovale ou carré). On choisit le modèle en fonction de la plaie puis on le recouvre d’un film transparent et on maintient le tout, si besoin, avec une bande ou un jersey tubulaire. Ils sont renouvelés tous les jours.
Les pansements au charbon
Les pansements au charbon (Carboflex, Askina Carbosorb, Actisorb Plus…) se présentent sous forme de compresses non adhésives et filtrent l’odeur des escarres malodorantes. Ils sont utilisés dans les prises en charge palliatives quand la cicatrisation n’est plus le but recherché. On choisit un pansement qui déborde de la plaie d’au moins 3 cm et on le maintient avec une bande ou du sparadrap large. Il peut rester en place 3 jours maximum et est changé à saturation d’odeur.
Les pansements antimicrobiens
Il existe trois sortes de produits utilisés dans les plaies infectées : les pansements à l’argent (Actisorb Ag, Urgotul S Ag…), les pansements au polyhexaméthylène biguanide ou PHMB (Suprasorb X) et les pansements antimicrobiens sans principe actif (type Sorbact). Tous ces pansements ont des modes d’emploi différents et nécessitent une prescription médicale. Leur emploi doit s’accompagner d’une détersion mécanique.