Le marché de l’automédication ne décolle pas
Face à ce marché à contre-courant de l’évolution positive européenne l’Afipa s’insurge contre des mesures qu’elle juge incohérentes pour le patient : relistage brutal des médicaments à base de codéine et de dextrométhorphane, interdiction de publicité pour les vasoconstricteurs, suppression des marques et des marques ombrelles… Et demande un rendez-vous avec la Ministre de la santé afin de lui présenter ses solutions : intégrer le selfcare comme première étape du parcours de soins pour les pathologies bénignes, inscription systématique des médicaments d’automédication au dossier pharmaceutique, protocolisation du conseil pharmaceutique grâce à des arbres, délistages semblables aux autres pays européens, campagne de promotion et d’éducation auprès des patients, restriction des marques ombrelles au statut de médicament…
Le marché du selfcare pèse 11% du chiffre d’affaires des officines à 3,9 milliards d’euros. Il est composé des produits non prescrits et non remboursés, vendus exclusivement en officine et comprend donc les médicaments d’automédication, les dispositifs médicaux et compléments alimentaires non prescrits. Les médicaments sont en baisse de 3,7% à 2,24 Mds €, en partie en raison de pathologies hivernales moins marquées que l’an dernier. Les deux laboratoires principaux en chiffre d’affaires sont Boiron et Sanofi.
Le marché des dispositifs médicaux représente 845 M€ et augmente de 3,5% grâce aux innovations et lancements. Les deux premiers acteurs de ce marché sont Hartmann puis Urgo.
Les compléments alimentaires constituant une offre très large sont moins impactés par les variations saisonnières : ce marché s’accroit de 12,1% à 825 M€. Arkopharma et Pileje s’octroient les deux premières place en parts de marché en valeur.
Et en Europe ?
Les médicaments d’automédication restent très largement délivrés en officine en Europe, mis à part au Royaume-Uni et aux Pays-Bas, selon le 4ème observatoire européen* bisannuel sur l’automédication réalisé par Open Health pour l’Afipa. En France la part de l’automédication dans le marché total du médicament reste quasi deux fois moins importante (12,9%) que la moyenne européenne (23,5%) et dans le trio de queue avec l’Italie et l’Espagne. A la traîne aussi niveau prix, le tarif moyen français n’atteint que 4,74€ contre 5,81€ la boîte en Europe. L’éventail de molécules disponibles dans l’Hexagone est réduit : 92 molécules sont potentiellement délistables par rapport aux autres pays. Des politiques volontaristes, campagnes de promotion à la clé ont prouvé leur efficacité au Royaume-Uni, en Suède…
*Analyse de 8 marchés européens de l’automédication en 2016 : Allemagne, Belgique, Espagne, France, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède.