Les biosimilaires restent méconnus
Pourtant seul un discours commun des professionnels de santé emportera la confiance des patients.
La Stratégie nationale de santé fixe un objectif de 80% de pénétration des biosimilaires (ville et hôpital) d’ici 2022. Une proportion ambitieuse même si le marché des biosimilaires ne cesse de croître depuis leur arrivée en ville en 2006. Il possède un potentiel de près de 2,5 milliards d’euros basé sur quatre classes thérapeutiques : les anti-TNF alpha, les héparines de bas poids moléculaire, les érythropoïétines, les analogues lents de l’insuline. Actuellement les biosimilaires pèsent 139 M€, encore bien peu face aux 1,3 Mds€ des médicaments biologiques de référence.
Mais le marché ne se développera pas tant que la confiance, tant des patients que des professionnels de santé, ne sera pas totale. Et elle passe par une meilleure connaissance du sujet. En effet, des progrès restent à faire. En témoigne l’enquête menée par Pharma Système Qualité (PhSQ) auprès de ses adhérents, en partenariat avec le Comité pour la valorisation de l’acte officinal (CVAO) au mois d’octobre et présentée lors du Colloque du CVAO le 7 novembre dernier. Parmi les 330 répondants (soit 15% des 2500 pharmacies certifiées PhSQ), la moitié constate une augmentation de la fréquence de délivrance de biomédicaments. Mais seulement 3% considère très bien les connaître, un tiers estime avoir besoin d’une formation et 62% d’informations complémentaires. « Une formation pointue s’impose, non seulement pour lever la confusion qui existe encore entre génériques et biosimilaires mais aussi sur des éléments pratiques » souligne Jean-Michel Mrozovski, président de CVAO. Quatre pharmaciens interrogés sur dix pensent que la dispensation de biomédicaments nécessite un accompagnement spécifique. La moitié des officinaux pense pouvoir être un relais d’information pour le médecin traitant sur le sujet, non seulement sur des questions techniques mais aussi sur le ressenti du patient et sur l’usage qu’il fait de son traitement. « Les prescripteurs attendent ce type de retour qu’ils n’ont pas du tout actuellement » remarque Claudine Gard, pharmacien praticien hospitalier à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.
« Nous avons besoin de DPC interprofessionnel sur ce sujet, afin que tous les professionnels de santé aient la même formation et tienne donc le même discours face au patient, note le Dr Martial Olivier-Koehret, médecin généraliste et président du groupe Soins coordonnés. La réussite de cette prise en charge partagée repose aussi sur l’amélioration des échanges entre les médecins et pharmaciens, en ville et avec l’hôpital ».
Définition
Claudine Gard, pharmacien praticien hospitalier à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris rappelle la définition des médicaments biosimilaires. « Ils doivent être similaires au médicament biologique d’origine en termes de qualité, de sécurité, d’efficacité et d’immunogénicité ». Ces médicaments nécessitent une prescription initiale hospitalière, sauf les HBPM et l’insuline glargine. Attention, un biosimilaire n’est pas un générique. « Pourtant dans notre enquête, 59% des répondants considèrent que les biosimilaires sont des génériques de biomédicaments. Il faut à tout prix lever la confusion » insiste Laetitia Hible, présidente de PhSQ.