La santé environnementale
La quasi-totalité (97,6 %) des étudiants en pharmacie considère que le changement climatique est un enjeu majeur du XXIe siècle. Or, l’enseignement de cette thématique est inexistant des plaquettes de formation étudiante. Le constat est sans appel : 60 % des étudiants sondés n’ont aucun enseignement relatif aux enjeux climatiques et environnementaux, et 85 % d’entre eux sont favorables à leur mise en place. En tant que professionnels de santé de demain, les étudiants sont conscients des enjeux écologiques d’aujourd’hui et sont demandeurs d’enseignements théoriques et préventifs relatifs à ces problématiques.
Au vu du système de santé actuel, l’interprofessionnalité est un enjeu des années à venir, c’est pourquoi l’ensemble des étudiants souhaitent pouvoir partager leurs connaissances et leurs expertises en créant des unités d’enseignement communes, afin de mobiliser les compétences et l’expérience de l’ensemble des professionnels de santé.
La santé environnementale intègre un concept très vaste, celui de One Health, qui vise à mettre en lumière les interactions entre la santé humaine, animale et les écosystèmes afin de faire le lien entre l’écologie et la médecine humaine et vétérinaire en une seule et unique santé. Un équilibre complexe qui permet une approche intégrée, unifiée et préventive de la santé publique visant notamment à être mieux préparés face aux maladies émergentes à risque pandémique.
D’un point de vue climatique, la France revoit tous les 5 ans sa stratégie nationale bas-carbone (SNBC) décrivant sa politique d’atténuation du changement climatique. Le pays s’est fixé des objectifs de neutralité carbone d’ici 2050, c’est-à-dire zéro émissions nettes, et ainsi respecter l’accord de Paris, afin de limiter le réchauffement climatique à un niveau inférieur à 2 °C, idéalement à 1,5 °C. Atteindre cet objectif signifie que ces émissions doivent diminuer de 80 %, n’épargnant donc aucun secteur, notamment celui de la santé.
Qui connaît les PNSE ?
Le secteur pharmaceutique, particulièrement polluant d’après le rapport du Shift Project sur la contribution du secteur de la santé au réchauffement climatique, révèle que les médicaments et les dispositifs médicaux pèsent pour près de 50 % de l’empreinte carbone du secteur, soit environ 25 tonnes de CO2 pour la France.
Au-delà de l’impact écologique et de l’empreinte carbone, les attentes de la population sur les questions de santé environnementale sont de plus en plus fortes. C’est pourquoi l’État français élabore, tous les cinq ans, un Plan national Santé Environnement (PNSE). En mai 2021, sa 4e édition a été lancée, afin de compléter les propositions ambitieuses de la France au niveau européen et les nombreuses actions spécifiques de l’État en matière de santé environnementale au niveau national, notamment sur la qualité de l’air, l’usage des produits phytopharmaceutiques, les perturbateurs endocriniens ou encore la préservation de la biodiversité. Au cours des cinq prochaines années, le PNSE 4 poursuivra quatre objectifs ambitieux déclinés en vingt actions, abordant l’information de la population sur l’environnement et les comportements à adopter vis-à-vis de sa santé, la réduction de l’exposition environnementale affectant la santé humaine, l’amélioration des actions des collectivités et la meilleure connaissance sur l’exposition, et les effets de l’environnement sur la santé des populations.
L’Anepf a souhaité s’impliquer et a publié une contribution d’une trentaine de propositions au sujet de la santé environnementale, afin de réagir à ce PNSE 4. Le document de réflexion se découpe en trois grandes parties : la diminution des facteurs environnementaux néfastes pour la santé, la transition écologique dans le système de soin, c’est-à-dire à l’hôpital, à l’officine et dans les laboratoires pharmaceutiques, et enfin l’enseignement, la prévention et l’innovation en santé environnementale.
La plupart des universités possèdent déjà les compétences en interne, avec des laboratoires de recherche sur le climat, l’écologie, l’adaptation, la comptabilité carbone… Il s’agit maintenant de permettre aux étudiants en santé d’accéder aux connaissances dans ces domaines afin de préparer l’avenir.