Rémunération : compenser la « sur-inflation pharmaceutique » par une « super » enveloppe de l’Assurance maladie

La première réunion de l’année 2023 de l’observatoire du suivi de la rémunération des officines de la Cnam s’est tenue le 28 juin en présence des deux syndicats pharmaceutiques. S’il montre que 2022 a été une année record sur la ligne « marge et honoraires » dans le champ du remboursable (+4,8% à 5,559 Mds€) et sur la rémunération officinale hors Covid-19 (+3,1% à 6,943 Mds€), le bilan finalisé du premier quadrimestre 2023 (versus le 1er quadrimestre 2022) sonne le glas des activités liées à la crise sanitaire. Certes, les ventes de médicaments chers entretiennent l’illusion de la croissance (+3,6% sur la marge réglementée et les honoraires de dispensation, +2,9% sur la rémunération totale hors Covid), tandis que le chiffre d’affaires des masques, tests antigéniques et de la vaccination anti-Covid a été divisé par 16 (67 M€ de janvier à avril 2023 contre 1,077 Mds€ pour la même période de 2022).

Une croissance 2023 qui ne permet pas de compenser la « sur-inflation pharmaceutique » de 22,3% (de 2019 à 2022), alors que l’inflation générale n’est, si on peut dire, qu’à 10,18%. Pour Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO, l’écart entre ces deux taux s’explique par une envolée de la masse salariale de 12% en dépit d’une revalorisation du point salarial de 6% l’an dernier, le poids des embauches réalisées pour faire face au surcroît d’activité dû au Covid-19, les heures supplémentaires liées aux difficultés de recrutement, l’allongement du temps de délivrance des médicaments au comptoir en raison du lourd tribut des ruptures.

« Effet ciseau » confirmé

Les chiffres des 4 premiers mois de 2023 rapportés par le groupement CGP recoupent ceux de l’Assurance maladie : une progression des ventes de 6,35% (toutes TVA confondues) masquant une baisse du CA HT sur les produits à TVA 5,5% (-4,07%) et à TVA 10 (-0,64%). Sur le marché officinal, la pharmacie bénéficie d’un effet prix (hausse du panier moyen autour de 37 €) au détriment d’un effet volume, d’après des données de la société IQVIA. La fréquence moyenne hebdomadaire des officines est en recul de 6,2%.

rémunération pharmacien officine

Analyse économique des quatre premiers mois 2023

Sur cette même période, les médicaments chers de PFHT > 150 € progressent de 13%, représentant désormais 39,85% du CA à TVA 2,10% (lui-même en progression de +8,25%). Le CA vaccins Covid et tests antigéniques est devenu quasi-inexistant (-95,30%). Malgré la bonne tenue des ventes à TVA 20% (+7,94%), l’officine n’y arrive plus : la marge brute globale chute de 12,11% et dans le même temps, les charges de personnel continuent à grimper (+3,51%), aboutissant à « l’effet ciseau » tant redouté.

À ce rythme, selon l’USPO, la trésorerie engrangée pendant la crise sanitaire pour compenser l’inflation « pharmacie » sera consommée avant la fin de cette année. Il y a donc urgence à ouvrir le plus rapidement possible les négociations sur le volet économique, sachant que ce qui sera obtenu ne pourra entrer en vigueur que six mois après. « La nouvelle enveloppe devra prévoir un rattrapage de la rémunération par rapport à 6 mois d’inflation intra-professionnelle », demande le président de l’USPO. Ayant anticipé la trajectoire de l’inflation jusqu’à 2025 et l’évolution des charges, ayant réalisé des projections de la rémunération sur des éléments quantifiables grâce à des simulations macroéconomiques avec le concours d’IQVIA, l’USPO réclament une enveloppe de 25% à 30% supérieure à celle de 2019, bien au-delà des 10% de revalorisation (750 M€) demandée par la FSPF. C’est, selon ce syndicat, la somme à investir pour éviter l’affaiblissement du réseau officinal et garantir sa cohérence.