D’une gestion de crise à l’autre
La décrue de la suractivité liée au Covid-19 est amorcée. En décembre dernier, le chiffre d’affaires (CA) Covid a décroché de 84,2 %, entraînant du même coup une baisse du CA global mensuel de 3 % (source : IQVIA). Si 2021 constitue une année record (1,684 Mds€), l’activité liée à la lutte contre la pandémie a néanmoins représenté en CA la bagatelle de 1,368 Mds€ en 2022, grâce notamment à une très bonne entame 2022.
Les prémices de cette décrue observées en décembre impactent peu les résultats de l’année écoulée. La progression du CA total de la pharmacie en cumul fixe 12 mois, Covid compris, est en léger retrait (+6,16 % à 43,22 Mds€) par rapport à celle du CA total Covid exclu (+7,24 % à 41,85 Mds€). La croissance a été soutenue par les médicaments remboursables (+8,05 %) du fait d’une poussée constante et durable des médicaments chers depuis juillet 2021 et du regain des prescriptions depuis novembre 2022, les médicaments non remboursables (+10,32 %) en raison de la levée des gestes barrières, et donc d’une moindre protection de la population contre les infections ORL, et des autres activités non remboursables (+7,54 %).
En décembre, la première vague d’épidémie grippale, intense et précoce, a remis un coup de booster sur la vaccination, permettant de rattraper le retard de couverture vaccinale et aux pharmaciens d’établir un nouveau record : en 2022, ils ont administré 5,23 millions de vaccins contre 4,4 millions en 2021, soit une hausse de 18,86 %.
Avec une perte de CA Covid de 315 M€ (-18,73 %) et quasiment autant de marge en 2022, la marge globale s’est érodée de 1,4 %, à 7,78 Mds€, mais a pu se maintenir au-dessus de celle réalisée en 2020 (6,32 Mds€) et de l’inflation (+ 6 points au cours du second semestre 2022). Mais cette observation se base sur une moyenne. Cela n’a pas été le cas pour les pharmacies peu ou pas impliquées dans les TAG et la vaccination. Elles ont évolué en dessous de l’inflation, sans parvenir à absorber en totalité la hausse des charges d’exploitation.
L’enjeu des négociations conventionnelles de 2023
Grâce aux ventes de masques et d’autotests, à la réalisation de tests antigéniques et à la vaccination contre le Covid-19, l’économie de l’officine a connu 3 ans de franche embellie. Mais sans activité liée au Covid, les pharmaciens doivent désormais se préparer à l’atterrissage qui ne se fera pas forcément en douceur en 2023, du fait des turbulences provoquées par l’inflation.
Les six prochains mois seront le « crash test » de l’économie officinale, redoutent les syndicats pharmaceutiques. Alors que l’année qui commence est plongée en pleine incertitude, un round d’observation est lancé, afin d’asseoir la visibilité économique du réseau officinal. Une étape indispensable avant d’aborder le volant économique de la convention pharmaceutique, dont le début des négociations avec l’Assurance maladie est d’ores et déjà fixé en septembre prochain.