Pharmacies : De nouvelles missions pour lutter contre les déserts médicaux ?

Les déserts médicaux posent un défi majeur pour l’accès aux soins, et les pharmacies pourraient bien devenir des partenaires essentiels pour y remédier. Un rapport récent du Sénat propose de renforcer leur rôle au sein du système de santé. Qu’il s’agisse de télémédecine ou d’élargir leurs compétences, les pharmaciens pourraient jouer un rôle décisif pour compenser le manque de médecins généralistes, notamment dans les zones où ils se font rares. Rien ne permet d’affirmer que ce rapport aboutira à une proposition de loi, mais il offre des pistes intéressantes à explorer.

 

Des cabines de téléconsultation au cœur des pharmacies rurales

Le rapport sénatorial met en avant une proposition majeure : l’installation de cabines de téléconsultation dans les pharmacies situées en zones sous-dotées. Avec près de 7 millions de Français privés de médecin traitant et une diminution continue du nombre de généralistes prévue jusqu’en 2028, la télémédecine pourrait devenir une solution d’urgence. Mais son accès est encore trop inégal. Aujourd’hui, ce sont surtout les patients des zones urbaines qui en bénéficient, un paradoxe que les sénateurs souhaitent corriger.

Selon Bruno Rojouan, rapporteur du texte, la pharmacie est le lieu idéal pour accueillir ces dispositifs dans les zones rurales. En effet, les officines offrent déjà une proximité avec la population et disposent d’une infrastructure capable de soutenir ces nouvelles missions. Le rapport propose de mieux cibler les remboursements de la téléconsultation, en les réservant aux soins non programmés effectués en présence d’un autre professionnel de santé, comme le pharmacien. Cette approche garantirait une prise en charge plus qualitative et encouragerait les patients des zones sous-denses à recourir à la télémédecine.

Pour inciter les pharmacies rurales à s’équiper, le rapport préconise également une revalorisation des aides à l’installation et au fonctionnement des cabines de téléconsultation. Cette mesure serait accompagnée d’une compensation financière pour les pharmaciens, un levier nécessaire pour soutenir leur implication dans ces projets innovants.

Vers une « loi pharmacien » pour élargir leurs compétences

Au-delà de la télémédecine, le rapport propose une accélération dans la délégation des compétences aux pharmaciens. Déjà expérimentée dans certains territoires, cette approche permettrait aux officinaux de prendre en charge des pathologies simples, comme les plaies légères ou les conjonctivites. Inspirée de l’expérimentation OsyS, cette mesure vise à alléger la charge des médecins généralistes tout en facilitant l’accès aux soins de première intention.

L’adoption d’une « loi pharmacien » est au cœur des recommandations. Cette réforme offrirait un cadre légal clair pour élargir les missions des pharmaciens tout en garantissant la sécurité des patients. En s’appuyant sur leur expertise et leur proximité avec les usagers, ces professionnels pourraient intervenir davantage en prévention et en traitement de pathologies bénignes. Une évolution qui ne ferait pas seulement gagner du temps aux patients, mais qui renforcerait aussi le rôle des officines comme acteurs de santé incontournables.

Pour les sénateurs, cette délégation de compétences doit s’accompagner d’une reconnaissance accrue des pharmaciens, tant sur le plan financier que symbolique. Ces nouvelles missions nécessitent en effet une montée en compétences et des formations spécifiques pour les professionnels. L’enjeu est de taille : répondre aux besoins croissants de la population dans un contexte de pénurie médicale, tout en soutenant la viabilité économique des officines rurales.