ASAFO PHARMA : l’ASAFO version 2.0 qui révolutionne la lutte anti-fraude en pharmacie
L’outil ASAFO, initialement déployé en 2011 en Île-de-France pour aider les pharmaciens à détecter les fausses ordonnances, subit une transformation majeure avec le lancement d’ASAFO PHARMA. Dans cette interview exclusive, Fabien Badinier, directeur adjoint chargé du contrôle et de la lutte contre la fraude à la Caisse nationale d’Assurance Maladie (CNAM), nous parle des améliorations prévues, de la sécurisation accrue par carte professionnelle, et de l’extension de l’outil à l’échelle nationale. Les pharmaciens, en première ligne contre la fraude, bénéficieront d’un accès plus sécurisé et d’une interface utilisateur plus intuitive, contribuant à une lutte plus efficace contre les fraudes pharmaceutiques. Découvrez comment ASAFO PHARMA 2.0 va révolutionner le quotidien des pharmacies et renforcer la sécurité de tous.
Quel est l’état actuel de l’outil ASAFO ?
Fabien Badinier : L’outil ASAFO (Alerte Sécurisée Aux Fausses Ordonnances), lancé en 2011, a été initialement déployé en Île-de-France. Il s’agit d’une plateforme en ligne facilitant l’échange d’informations entre les caisses primaires d’assurance maladie et les pharmaciens. Son objectif principal est d’aider à détecter plus rapidement les fausses ordonnances, notamment celles concernant des médicaments coûteux.
Quels sont les principaux changements prévus avec ASAFO 2.0 ?
Fabien Badinier : ASAFO 2.0, qui devient ASAFO PHARMA, vise à moderniser et sécuriser davantage l’outil en l’intégrant à Amelipro utilisé par tous les pharmaciens. Les changements principaux incluent une sécurisation accrue de l’accès via une authentification par carte professionnelle. Désormais, la connexion se fera à l’aide de la carte CPS (Carte de Professionnel de Santé) du pharmacien titulaire, de sa carte e-CPS, ainsi que de la carte CPE (Carte de l’Établissement), remplaçant ainsi l’ancienne méthode de connexion par identifiant et mot de passe. De plus, l’interface utilisateur sera entièrement revue pour être plus intuitive, et l’outil sera diffusé à l’échelle nationale pour permettre une détection plus efficace des fausses ordonnances.
Quelles sont les motivations derrière cette modernisation ?
Fabien Badinier : La modernisation d’ASAFO est motivée par l’augmentation des fraudes liées aux fausses ordonnances, en particulier pour des médicaments coûteux comme les anticancéreux. Il est fondamental de fournir aux pharmaciens des outils performants et sécurisés pour lutter contre ce phénomène. De plus, les technologies ont évolué depuis 2011, rendant nécessaire la mise à jour de l’outil pour répondre aux standards actuels de sécurité et d’efficacité.
Quel est le calendrier de déploiement d’ASAFO PHARMA ?
Fabien Badinier : Le travail de modernisation a commencé il y a environ dix-huit mois. Nous sommes actuellement dans la phase finale de développement et de tests. Initialement, nous avions prévu une diffusion en juin, mais des ajustements sont encore en cours. Nous prévoyons maintenant un test grandeur nature dans un département pilote, avec un déploiement national progressif à partir de fin juillet, ce qui permettra une appropriation progressive de l’outil au cours de l’été.
Quels sont les avantages concrets pour les pharmaciens avec ASAFO PHARMA ?
Fabien Badinier : Les pharmaciens bénéficieront d’un accès plus sécurisé grâce à l’authentification par carte professionnelle, incluant la carte CPS, la carte e-CPS et la carte CPE. L’interface utilisateur sera plus intuitive, facilitant l’utilisation quotidienne de l’outil. ASAFO PHARMA permettra aussi une diffusion rapide des signalements de fausses ordonnances à travers toute la France, renforçant ainsi la lutte contre la fraude pharmaceutique de manière plus efficace.
Comment se déroule actuellement le processus de détection des fausses ordonnances ?
Fabien Badinier : Actuellement, lorsqu’un pharmacien détecte une fausse ordonnance, il la signale via ASAFO. Le signalement inclut des informations détaillées telles que le nom du médecin et les détails de l’ordonnance suspecte. La Caisse nationale de l’Assurance Maladie contacte ensuite le médecin concerné pour vérifier l’authenticité de l’ordonnance. Si la fraude est confirmée, des mesures administratives et des sanctions, notamment des pénalités financières pouvant aller jusqu’à 3 fois le préjudice de l’Assurance maladie, peuvent être prises contre l’assuré.
Quelles sont les statistiques concernant ASAFO en 2023 ?
Fabien Badinier : En 2023, l’ensemble des actions de lutte contre les fausses ordonnances et les trafics de médicaments, que ce soit par le biais d’ASAFO en ile de France ou par les signalements directement transmis aux CPAM ailleurs, a permis de stopper 11,5 millions d’euros de préjudices contre 8,5 millions d’euros en 2022. Les enjeux sont effectivement de plus en plus importants. Nous avons détecté plus de 1000 fausses ordonnances et engagé plus de 1000 actions contentieuses. En 2023, nous avons prononcé 160 avertissements et 370 pénalités financières. De plus, nous avons mené 500 actions pénales, incluant des signalements article 40 au procureur et des plaintes pénales.
Quelles sont les prochaines étapes pour ASAFO PHARMA ?
Fabien Badinier : Nous allons finaliser les tests dans un département pilote et ajuster l’outil en fonction des retours. Ensuite, ASAFO PHARMA sera progressivement déployé à l’échelle nationale. Nous continuerons également à travailler sur des améliorations futures basées sur les retours des utilisateurs pour garantir que l’outil reste efficace et adapté aux besoins des pharmaciens. Nous sommes très enthousiastes quant au potentiel d’ASAFO PHARMA pour améliorer la sécurité et l’efficacité des pharmacies dans la détection des fraudes. Nous remercions tous les pharmaciens pour leur coopération et leur vigilance. Nous continuerons à travailler en étroite collaboration avec eux pour affiner et déployer cet outil essentiel à la lutte contre la fraude pharmaceutique.