La maladie d’Alzheimer : guide pratique au comptoir
Physiopathologie et symptômes
La maladie d’Alzheimer se caractérise par une dégénérescence progressive des neurones, principalement due à l’accumulation de plaques amyloïdes et de dégénérescences neurofibrillaires. Ces altérations provoquent une atrophie cérébrale, notamment au niveau de l’hippocampe, essentielle pour la mémoire et l’apprentissage.
Les symptômes de la maladie d’Alzheimer évoluent progressivement. Initialement, les patients présentent des troubles de la mémoire immédiate, des difficultés à accomplir des tâches quotidiennes simples, et des troubles du langage. À un stade avancé, la maladie entraîne des troubles sévères de l’orientation spatio-temporelle, des changements de personnalité, et une perte d’autonomie.
Quels sont les facteurs de risque ?
Les principaux facteurs de risque de la maladie d’Alzheimer sont l’âge et le sexe. Le risque augmente significativement avec l’âge, et les femmes sont plus souvent touchées que les hommes, en partie à cause de leur espérance de vie plus longue. Des facteurs génétiques, comme la présence de l’allèle ε4 de l’apolipoprotéine E, augmentent également le risque de développer la maladie. D’autres facteurs incluent des pathologies vasculaires telles que l’hypertension, le diabète, et les dyslipidémies.
Diagnostic
Le diagnostic de la maladie d’Alzheimer repose sur une série de tests cliniques et paracliniques. Les tests neuropsychologiques, comme le Mini-Mental State Examination (MMSE) et le test de l’horloge, sont couramment utilisés pour évaluer les fonctions cognitives. Les examens d’imagerie, comme l’IRM et la tomographie par émission de positons (TEP), permettent de visualiser l’atrophie cérébrale et les anomalies métaboliques du cerveau. La ponction lombaire pour l’analyse du liquide céphalorachidien peut détecter des biomarqueurs spécifiques de la maladie.
Prise en charge médicamenteuse
Actuellement, il n’existe pas de traitement curatif pour la maladie d’Alzheimer. Les traitements disponibles visent principalement à atténuer les symptômes. Les inhibiteurs de cholinestérase, tels que le donépézil, la rivastigmine, et la galantamine, augmentent les niveaux d’acétylcholine dans le cerveau, améliorant ainsi la communication entre les neurones. Le mémantine, un antagoniste des récepteurs NMDA, est utilisé pour moduler l’activité du glutamate, un neurotransmetteur impliqué dans la cognition.
Inhibiteurs de cholinestérase
Les inhibiteurs de cholinestérase agissent en bloquant l’enzyme acétylcholinestérase, responsable de la dégradation de l’acétylcholine. En augmentant la concentration de ce neurotransmetteur, ils améliorent la transmission synaptique. Les trois principaux médicaments de cette classe sont :
- Donépézil (Aricept©) : souvent prescrit à raison de 5 à 10 mg par jour, ses effets indésirables incluent des troubles gastro-intestinaux, des crampes musculaires, et des insomnies.
- Rivastigmine (Exelon©) : disponible sous forme de gélules, solution buvable ou patch transdermique, la rivastigmine est administrée à des doses allant de 3 à 12 mg par jour. Les effets secondaires courants sont les nausées, vomissements et une perte de poids.
- Galantamine (Reminyl©) : utilisée à des doses de 16 à 24 mg par jour, elle peut provoquer des troubles gastro-intestinaux et une perte d’appétit.
Antagoniste des Récepteurs NMDA
Le mémantine (Ebixa©) agit en modulant les récepteurs NMDA du glutamate, réduisant ainsi la neurotoxicité excitatrice. Il est administré à des doses de 10 à 20 mg par jour et peut causer des effets secondaires comme des maux de tête, des vertiges et de la confusion.
Le rôle du pharmacien
Les pharmaciens d’officine sont des acteurs essentiels dans la prise en charge des patients atteints de la maladie d’Alzheimer et de leurs aidants :
Gestion des médicaments
Surveillance des interactions médicamenteuses : les patients Alzheimer sont souvent polymédiqués. Les pharmaciens doivent surveiller les interactions entre les inhibiteurs de cholinestérase ou la mémantine avec d’autres médicaments comme les anticholinergiques, les neuroleptiques, et les médicaments bradycardisants.
Ajustement posologique : en cas d’effets secondaires, les pharmaciens peuvent recommander des ajustements de dose ou des alternatives thérapeutiques.
Accompagnement des aidants
Support émotionnel et informationnel : les aidants sont souvent stressés et épuisés. Les pharmaciens peuvent offrir un soutien moral et des informations sur la maladie et les ressources disponibles.
Orientation vers des structures de soutien : les pharmaciens peuvent orienter les aidants vers des associations, des groupes de soutien et des services de répit.
Éducation thérapeutique
L’éducation thérapeutique du patient (ETP) est une composante essentielle de la prise en charge de la maladie d’Alzheimer. Les pharmaciens peuvent organiser des sessions d’ETP pour les patients et leurs familles, afin de les aider à mieux comprendre la maladie, les traitements disponibles, et les stratégies pour gérer les symptômes au quotidien.
Quels conseils pratiques donner ?
- Troubles de la déglutition : Conseiller des aliments faciles à mâcher et à avaler, comme les purées, les compotes, et les soupes épaisses. Utiliser des épaississants pour les liquides si nécessaire. Encourager une hydratation régulière avec des boissons épaissies pour éviter les fausses routes.
- Dénutrition : Proposer des CNO pour garantir un apport suffisant en nutriments. Recommander de petits repas fréquents et équilibrés, en insistant sur l’importance des protéines et des vitamines.
- Stimulation cognitive : Encourager des activités qui stimulent les fonctions cognitives comme les jeux de mémoire, la lecture, les puzzles et les discussions.
- Prévention des chutes : Conseiller des chaussures antidérapantes et bien ajustées.
- Support psychologique : Être à l’écoute des aidants, leur offrir un espace pour exprimer leurs préoccupations et leur stress. Orienter vers des groupes de soutien et des associations locales pour les aidants, où ils peuvent trouver des conseils et du soutien.