Allaitement maternel et asthme précoce : le microbiote au cœur des préoccupations

Un levier immunitaire influencé par l’allaitement

Le microbiote intestinal et nasal des nourrissons se développe de manière différenciée selon leur mode d’alimentation. Chez les enfants allaités exclusivement au sein pendant au moins trois mois, des communautés microbiennes riches en Bifidobacterium et Dolosigranulum se forment progressivement. Ces populations microbiennes, connues pour leurs propriétés anti-inflammatoires, semblent jouer un rôle protecteur contre le développement de maladies respiratoires comme l’asthme.

En revanche, un allaitement interrompu avant cet âge favorise l’apparition précoce de certaines espèces, notamment Ruminococcus gnavus, liée à une biosynthèse accrue de tryptophane. Ces changements prématurés dans la composition microbienne sont associés à une modulation immunitaire moins favorable, augmentant les risques de sensibilisation et d’asthme précoce.

Une approche scientifique rigoureuse

Cette étude, menée sur une cohorte de plus de 2000 nourrissons, a combiné des analyses multi-omiques et des modèles prédictifs basés sur l’intelligence artificielle. Les chercheurs ont étudié les trajectoires du microbiote à différents âges et ont intégré des données sur la composition du lait maternel. Résultat : les enfants en bonne santé respiratoire à trois ans présentaient une richesse et une diversité microbienne plus élevées que ceux diagnostiqués avec de l’asthme. Cette différence, observable dès les premiers mois de vie, pourrait être prédictive.

Des conclusions prometteuses, mais prudentes

Malgré des résultats probants, l’étude reste de nature observationnelle. La variabilité des échantillons et des données manquantes limite la généralisation des conclusions. De plus, l’asthme, pathologie complexe et hétérogène, implique des interactions multiples entre génétique, environnement et microbiote.

Des recherches complémentaires sont nécessaires pour valider ces observations et étudier l’impact de l’allaitement sur la santé respiratoire au-delà de cinq ans. Cependant, cette étude conforte les recommandations actuelles en faveur d’un allaitement maternel prolongé, non seulement pour ses avantages nutritionnels, mais également pour son impact favorable sur l’immunité et le développement microbien.