Quelles sont les nouvelles recommandations pour la substitution aux opiacés en 2024 ?
Les Conseils nationaux de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) et des médecins (CNOM) ont récemment publié de nouvelles recommandations concernant la prescription et la dispensation des traitements de substitution aux opiacés. Ces directives visent à améliorer la prise en charge des patients souffrant de dépendance aux opioïdes, à renforcer l’observance des traitements, et à réduire les risques associés à l’usage de ces substances.
Objectifs des nouvelles recommandations
Les nouvelles recommandations ont trois objectifs principaux :
- Accompagner les professionnels de santé : en renforçant les pratiques de prescription et de dispensation.
- Faciliter l’accès aux soins : en promouvant une approche interprofessionnelle pour une prise en charge plus efficace.
- Améliorer la prise en charge et le suivi des patients : par une meilleure coordination entre médecins et pharmaciens, et un suivi renforcé via la pharmacovigilance et l’addictovigilance.
Structuration des recommandations
Les recommandations sont divisées en plusieurs chapitres couvrant :
- Le rôle des professionnels de santé : Importance de la collaboration entre médecins et pharmaciens pour assurer une prise en charge optimale des patients.
- Principes déontologiques et obligations légales : Rappel des responsabilités des professionnels de santé dans la prescription et la dispensation des traitements de substitution.
- Règles spécifiques pour les stupéfiants : Directives sur la gestion des médicaments stupéfiants, incluant la buprénorphine, la méthadone et la naloxone.
- Recommandations pratiques : Guide détaillé sur la prescription et la dispensation des traitements, incluant les dosages, posologies et modalités d’administration.
- Évolutions à venir : Propositions pour améliorer continuellement la prise en charge des patients.
- Gestion des codéines et autres médicaments : Nouvelle réglementation sur les prescriptions des médicaments contenant des opioïdes.
Quels exemples ?
Buprénorphine :
- Buprénorphine/Naloxone Viatris : disponible en comprimés sublinguaux de 2 mg/0,5 mg, 8 mg/2 mg, et indiqué pour la substitution chez les adultes et adolescents volontaires. Ce médicament nécessite une surveillance hépatique régulière.
- Orobupre : nouvelle forme lyophilisée de buprénorphine, administrée par voie orale pour une absorption rapide. Recommandé pour une prise supervisée, il offre un confort d’utilisation accru par rapport aux comprimés sublinguaux.
- Sixmo : implant sous-cutané de buprénorphine à longue durée d’action, offrant une alternative pour les patients stabilisés. Il permet de réduire l’usage illicite d’opioïdes grâce à une libération prolongée de la substance active.
Naloxone :
- Prenoxad : solution injectable intramusculaire disponible en seringue préremplie, utilisée en urgence pour les surdoses d’opioïdes. Peut être administré sans ordonnance.
- Ventizolve : solution pour pulvérisation nasale, administrable sans ordonnance, idéale pour les interventions d’urgence en cas de surdosage. Fournie en kit prêt à l’emploi, elle facilite l’administration par des non-professionnels.
Règles de dispensation des stupéfiants
Pour la dispensation des stupéfiants, certaines règles strictes s’appliquent :
- Durée maximale de prescription : Il est interdit de prescrire des stupéfiants pour une durée supérieure à 28 jours. Pour certains médicaments, cette durée peut être réduite à 7 ou 14 jours.
- Délais de présentation de l’ordonnance : L’ordonnance doit être présentée au pharmacien dans les trois jours suivant sa date d’établissement. En cas de délivrance fractionnée, chaque fraction doit être exécutée dans les trois jours suivant la fin de la fraction précédente.
- Décompte des unités thérapeutiques : Le pharmacien peut être amené à déconditionner les spécialités pharmaceutiques pour ne délivrer que le nombre exact d’unités thérapeutiques prescrites. Par exemple, pour une ordonnance de 30 jours, la dispensation peut être fractionnée en périodes de 7 jours pour garantir une stricte conformité aux règles de sécurité et de contrôle.
Situation actuelle de la substitution aux opiacés en France
Environ 180 000 patients bénéficient actuellement de traitements de substitution aux opioïdes en France, répartis entre 65 % de buprénorphine et 35 % de méthadone. En 2022, les enquêtes pharmacodépendance et addictovigilance ont montré que la consommation de traitements de substitution reste élevée, avec des mesures de sécurité renforcées pour limiter les abus et les surdoses.