Rapport Ferracci : dérégulation de la profession, qu’en est-il ?
Le secteur pharmaceutique français fait face à un tournant avec la présentation du rapport Ferracci, initié par Marc Ferracci, député et économiste proche du gouvernement actuel. Ce rapport recommande des modifications substantielles dans la réglementation des pharmacies, suscitant une certaine inquiétude parmi les professionnels de la discipline.
Marc Ferracci, vers la libéralisation des professions réglementées
Marc Ferracci, député et économiste, est l’auteur d’un rapport qui préconise la dérégulation de plusieurs professions réglementées, dont celle des pharmaciens.
La pharmacie d’officine en France se caractérise par un modèle de service de proximité régi par des normes strictes en matière de répartition géographique et de monopole de dispensation. Toutefois, les réformes récentes et les propositions du rapport Ferracci suggèrent un assouplissement significatif de ces règles.
Rapport Ferracci : quèsaco ?
En tant que député et économiste, M. Ferracci recommande des changements structurels. Cela afin de moderniser et d’adapter la régulation de la pharmacie d’officine à l’évolution du marché et aux nouvelles pratiques de consommation. Ce document aborde plusieurs points clés susceptibles de transformer profondément le secteur :
- Libéralisation de la vente en ligne : Cette mesure cherche à permettre la vente de médicaments sur des plateformes externes, ce qui pourrait ouvrir la porte à des géants du commerce électronique.
- Révision du monopole de dispensation : La proposition envisage de réduire les restrictions actuelles qui limitent la distribution de certains produits de santé aux pharmacies. Une évolution qui pourrait compromettre le bon suivi des patients.
- Flexibilisation du maillage territorial : Ferracci suggère de revoir les critères de répartition des pharmacies, potentiellement en augmentant le nombre d’établissements dans certaines zones. Cette modification, qui cherche à répondre à une diffusion plus équilibrée des services pharmaceutiques, soulève des questions sur la viabilité économique des pharmacies dans des localisations déjà saturées ou au contraire sous-desservies.
Quelles implications pour les pharmaciens ?
Les réformes proposées dans le rapport Ferracci pourraient transformer le paysage de la pharmacie en France, avec des conséquences directes sur la profession pharmaceutique.
La libéralisation de la vente en ligne de médicaments et la révision du monopole de dispensation introduiront de nouveaux acteurs sur le marché, notamment de grandes plateformes de commerce en ligne et des chaînes de magasins. Afin de rester compétitives, les marges habituellement réalisées par les pharmacies devront baisser, ce qui pourrait particulièrement affecter les petites officines indépendantes.
Le rôle du pharmacien risque lui aussi d’être remis en question. Traditionnellement, il a pour mission de conseiller. Connaître un dossier c’est garantir qualité et sécurité. La diminution de l’échange direct entre les pharmaciens et les patients pourrait donc avoir des répercussions négatives.
Les consultations en face à face permettent aux pharmaciens de détecter les problèmes de santé non diagnostiqués, d’optimiser l’adhérence aux traitements et de prévenir les interactions médicamenteuses dangereuses. En déplaçant une partie significative de la distribution en ligne, ces aspects pourraient être compromis.
Enfin, le code éthique valorise le bien-être des patients au-dessus des considérations commerciales. Déontologie qui n’est pas au cœur des intérêts des plateformes marchandes.
Les syndicats fermement opposés à ces propositions
L’Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine (USPO) a exprimé une opposition ferme à ces propositions, menant à des actions de mobilisation telles que des grèves et des collectes de signatures. Pierre-Olivier Variot, président de l’USPO, a articulé cette résistance autour de la préservation du modèle de pharmacie de proximité, essentiel pour le maintien d’un accès équitable aux soins.