L’ère de la téléconsultation en officine : impacts et perspectives

À l’heure où le numérique redéfinit les contours de la santé, la téléconsultation en officine émerge comme un pont vital entre la technologie et le soin patient. Dans une entrevue exclusive, Alexis Proust de Tessan, éclaire les prismes de cette transformation : de son impact palpable sur l’accès aux soins à ses répercussions futures dans le secteur pharmaceutique. Cette introduction ouvre la voie à une discussion approfondie sur les nuances de l’intégration de la téléconsultation dans les pharmacies, et sur comment elle façonne l’expérience patient, tout en esquissant les contours d’un avenir prometteur pour le rôle des pharmaciens dans le parcours de soins.

Pouvez-vous nous expliquer le déploiement et l’impact des solutions de téléconsultation en officine ?

Alexis Proust : À ce jour, environ 25 à 30 % du marché de la téléconsultation a intégré le secteur des officines, que ce soit avec notre entreprise, Tessan, ou avec nos concurrents tels que Maïa ou Medadom. On compte entre cinq et six mille pharmacies équipées de solutions de téléconsultation, un nombre qui ne cesse d’augmenter. Ces pharmacies sont non seulement équipées, mais s’engagent également dans une démarche de valorisation de ces dispositifs. Elles cherchent à informer au mieux les patients et à leur offrir une qualité de soins optimale, notamment pour ceux qui ont besoin d’une ordonnance sans disposer du service médical nécessaire en amont. On estime que près de 3 % des personnes requérant une ordonnance se présentent en officine sans en avoir une. Les solutions de téléconsultation leur permettent alors d’être redirigés vers nos cabines de téléconsultation.

Quel est l’impact de la téléconsultation sur l’accès aux soins médicaux ?

Alexis Proust : L’impact est significatif, particulièrement pour les 10 à 11 % de patients qui n’ont pas de médecin traitant ou qui ont dû attendre jusqu’à six mois pour en trouver un. Certains patients doivent parfois attendre trois à cinq jours pour obtenir un rendez-vous. Grâce à la téléconsultation, ils peuvent consulter un médecin généraliste en moins de dix minutes sans rendez-vous. C’est une avancée majeure dans l’accès aux soins médicaux.

Les patients nécessitent-ils l’assistance d’un pharmacien pour utiliser les solutions de téléconsultation ?

Alexis Proust : Dans les faits, 95 % de nos patients sont autonomes et n’ont pas besoin d’être assistés par le personnel de la pharmacie. C’est un point sur lequel nous avons un avantage par rapport à certains de nos concurrents. Tous nos experts médicaux sont connectés, permettant ainsi à une grande majorité de nos patients d’utiliser les services de téléconsultation de manière autonome et efficace.

Quelles sont les principales motivations pour une pharmacie d’installer des cabines ou bornes de téléconsultation ?

Alexis Proust : Il y a deux motivations principales. La première est de proposer un service de qualité et d’intégrer un parcours de soins complet pour les patients. La deuxième raison est de valoriser l’image de la pharmacie, en se positionnant comme un acteur clé dans l’accès aux soins et en évoluant vers le rôle de pharmacien clinicien.

Quelle est la rentabilité de ces dispositifs de téléconsultation pour les pharmacies ?

Alexis Proust : Le dispositif devient rentable à partir d’une téléconsultation par jour pour la borne et deux téléconsultations par jour pour la cabine. Nous avons également lancé une console, un outil plus abordable à 99 € par mois sur trois ans, en réponse à la demande des pharmacies pour un produit moins onéreux. Ce dispositif est presque entièrement remboursé avec les aides accordées par la Sécurité sociale.

Comment répondez-vous aux idées reçues concernant l’espace requis pour l’installation et la qualité des consultations de téléconsultation ?

Alexis Proust : Les bornes de téléconsultation occupent très peu d’espace, environ 0,5 m², et peuvent être placées dans l’espace de confidentialité du pharmacien. Quant à la console, sa taille est encore plus réduite, rendant son installation possible dans toutes les pharmacies. Concernant la qualité des consultations, tous nos médecins sont inscrits à l’Ordre des Médecins en France et continuellement formés. Les outils technologiques dont nous disposons aident à mieux diagnostiquer et faire des comptes rendus précis. De plus, nous constatons une augmentation des patients choisissant nos médecins comme médecins traitants, y compris pour des affections de longue durée ou des maladies chroniques.

Comment assurez-vous la maintenance et le bon fonctionnement des dispositifs de téléconsultation ?

Alexis Proust : Nous pratiquons une maintenance préventive et un suivi après chaque téléconsultation pour éviter tout problème technique. Si un appareil tombe en panne, nous avons des dispositifs de remplacement en stock qui peuvent être livrés à l’officine en 24 heures.

Pouvez-vous nous parler des aides financières disponibles pour les officines qui souhaitent s’équiper en téléconsultation ?

Alexis Proust : Les aides accordées par la Sécurité sociale sont accessibles pour l’acquisition de nos dispositifs médicaux connectés, incluant la console, la borne et la cabine. Les démarches pour obtenir ces aides sont assez simples et rapides, et nous accompagnons les titulaires dans ce processus à travers nos Customer Success managers.

Envisagez-vous que la téléconsultation en officine devienne un standard dans les prochaines années ?

Alexis Proust : Avec l’évolution des pratiques et la reconnaissance de la téléconsultation comme un moyen efficace d’accéder à des soins de qualité, nous anticipons une augmentation significative du nombre de patients choisissant la téléconsultation comme solution principale pour leurs soins médicaux. L’efficacité, la rapidité et l’accessibilité de nos services sont des atouts majeurs dans ce sens.