Économie officinale en avril 2023 : le chiffre d’affaires tient, mais la marge…

Les données du marché pharmaceutique d’avril 2023 révèlent des dynamiques complexes : malgré une légère diminution du chiffre d’affaires, la chute significative de la marge confronte les pharmacies à des défis financiers et de recrutement.

Tendances du marché pharmaceutique

Après deux années exceptionnelles liées à la pandémie, les pharmacies font face à une fragilisation de leur modèle économique. Comme le précise l’IQVIA, malgré une progression du chiffre d’affaires, principalement attribuée à la vente de produits coûteux qui étaient auparavant exclusivement disponibles en milieu hospitalier, la situation suscite des inquiétudes. Les volumes de vente connaissent une nette diminution, touchant aussi bien les médicaments remboursables que ceux en vente libre et les produits de parapharmacie. Cette tendance a un impact significatif sur la rentabilité des pharmacies, avec une baisse de la marge des établissements qui passe de 19,6 % à 4,6 milliards d’euros. Les pertes sont particulièrement marquées dans les revenus provenant des vaccins et des tests Covid, qui sont passés de jusqu’à 1,2 milliard d’euros à seulement 84,2 millions cette année. Les pharmacies indépendantes ou celles dont les propriétaires cherchent un repreneur sont particulièrement vulnérables à cette conjoncture économique difficile, entraînant une augmentation notable du nombre de fermetures d’officines.

Quant aux données d’avril 2023, elles révèlent une légère diminution de 0,5 % du chiffre d’affaires moyen total en avril 2023 par rapport à l’année précédente, s’établissant à 173 270 euros contre 174 059 euros. Chaque pharmacie a en moyenne accueillie 4 655 clients, générant un panier moyen de 37,62 euros, avec des ventes comprenant des ordonnances atteignant 52,33 euros et des ventes hors ordonnance à 16,18 euros.

Évolution de la marge et défis du secteur

Cependant, la situation financière est moins favorable du côté de la marge. Tant sur le marché total que sur celui des produits remboursables, des baisses significatives ont été enregistrées. La marge totale a chuté de près de 3 points, passant de 22,83 % à 20,22 %, représentant une perte de plus de 4 500 euros en valeur. Pour les produits remboursables, malgré une baisse du prix des tests de dépistage, la marge moyenne est passée de 29 882 euros à 24 913 euros, avec un taux de marge de 17,82 % contre 21,34 % un an auparavant.

 Les données d’avril 2023 fournies par l’Union nationale des pharmacies de France confirment une nouvelle baisse de la marge officinale, diminuant de 4,8 % par rapport à avril 2022, excluant les activités liées au COVID-19. Bien que les experts prévoient un retour à la rentabilité d’avant la crise sanitaire, les défis restent nombreux pour les pharmacies, confrontées à l’inflation, à l’augmentation des charges et aux réductions de prix fréquentes sur les produits de santé. Malgré d’importants investissements des pharmaciens titulaires au cours des trois dernières années, notamment dans le recrutement et la formation du personnel pour répondre à leur rôle accru en tant que professionnels de la santé, ils doivent désormais faire face à des ressources limitées, sans les revenus supplémentaires provenant des vaccins et des tests COVID-19. Cette situation les contraint à poursuivre leurs missions élargies et à répondre à une demande de santé croissante, tout en jonglant avec des moyens réduits.