Prescription renforcée des analogues du GLP-1 : l’USPO fustige un dispositif bureaucratique et inapplicable
Un flou réglementaire inquiétant
À deux jours de la mise en application de cette réforme, les pharmaciens restent dans l’incertitude. Quels patients sont concernés ? Faut-il scanner un justificatif, et si oui, lequel ? Comment éviter une rupture de traitement pour les patients déjà sous ces traitements ?
« Faute d’instructions précises, c’est encore aux pharmaciens de s’adapter dans l’urgence, alors qu’ils sont en première ligne face aux patients », dénonce l’USPO dans son communiqué du 29 janvier. Une situation qui fait écho à d’autres mesures récentes imposées à la profession sans concertation ni anticipation.
D’autant que la pression est forte sur ces traitements antidiabétiques qui connaissent un détournement croissant pour la perte de poids. Or, faute de cadre clair, la mise en œuvre de la prescription renforcée risque de provoquer des ruptures de stock, impactant ainsi les patients réellement atteints de diabète de type 2.
Une surcharge administrative devenue insoutenable
L’USPO pointe également l’accumulation des contraintes administratives qui étouffe l’exercice officinal. La multiplication des plateformes (ASAFO, METEOR, Carte Vitale contre Tiers-Payant) transforme AMELIPRO en un « labyrinthe administratif inefficace », rendant chaque validation d’ordonnance plus laborieuse.
« On nous demande de passer toujours plus de temps à valider des prescriptions sur des outils qui ne communiquent pas entre eux, alors que nous sommes censés consacrer ce temps au conseil et à la dispensation », déplore un pharmacien interrogé. « La charge de travail augmente, mais les effectifs ne suivent pas. On nous impose toujours plus de contrôles, sans nous donner les moyens de les appliquer correctement. »
Un palliatif à l’échec de l’e-prescription ?
L’USPO voit dans cette prescription renforcée une « rustine » censée compenser l’échec du déploiement de l’ordonnance électronique, théoriquement obligatoire depuis le 31 décembre 2024. Or, cette dernière souffre encore de lacunes majeures :
- Un manque d’interopérabilité, empêchant la mise à jour en temps réel des données d’exécution.
- Une couverture incomplète, qui exclut encore les prescriptions hospitalières et celles issues des téléconsultations, pourtant sources majeures de détournements.
- Des bugs techniques récurrents, qui rendent son utilisation encore peu fiable et freinent son adoption par les professionnels de santé.
Au lieu d’apporter une solution durable et efficace, ces nouvelles exigences administratives ne font qu’aggraver la complexité du travail en officine. « L’ordonnance électronique aurait pu être une vraie avancée, mais elle a été mise en place de manière précipitée, sans assurer son bon fonctionnement sur le terrain », regrette un titulaire de pharmacie.
L’USPO exige une réaction immédiate
Face à cette situation, l’USPO formule plusieurs demandes urgentes :
- La suspension immédiate du dispositif tant que ses modalités ne sont pas clarifiées.
- L’accélération du déploiement d’une e-prescription interopérable et accessible à tous les prescripteurs.
- Une véritable concertation avec les pharmaciens pour simplifier les procédures et éviter les effets délétères de ces réformes inachevées.
- Un allègement des contraintes administratives pour recentrer l’activité officinale sur le soin et l’accompagnement des patients.
« Nous sommes des professionnels de santé, pas des exécutants aveugles de règles bureaucratiques déconnectées du terrain », rappelle l’USPO. Il est urgent que les pouvoirs publics prennent en compte la réalité du travail en officine, sous peine de fragiliser encore un peu plus un maillon essentiel du parcours de soins.
Un appel à la mobilisation des pharmaciens
L’USPO invite l’ensemble de la profession à se mobiliser pour faire entendre leur voix et alerter les pouvoirs publics sur les conséquences de ces mesures. Des discussions avec les autorités de santé sont attendues dans les prochains jours, mais sans avancées concrètes, le syndicat envisage d’intensifier la pression pour obtenir des ajustements indispensables à la mise en œuvre de ce dispositif.
« Si rien ne bouge, nous nous dirigeons droit vers une situation ingérable, où les pharmaciens se retrouveront pris en étau entre les exigences administratives et la détresse des patients », conclut un porte-parole de l’USPO.
En attendant des clarifications, les pharmaciens devront, une fois encore, s’adapter seuls à une réforme imposée dans l’urgence, au détriment de leur exercice et de la qualité des soins.