Les nouveaux honoraires de dispensation arrivent
Rémunération
Arrêté publié sur les paramètres de la marge pour 2019 et 2020, nouvel avenant signé sur les honoraires de dispensation… La pharmacie s’apprête à franchir une nouvelle étape vers une rémunération composée à terme de 70% d’honoraires.
A quelques semaines de la mise en place du deuxième volet de la réforme de la rémunération, les syndicats sont en ébullition : ils préparent activement l’entrée en vigueur au 1er janvier 2019 de trois nouveaux honoraires (honoraires de dispensation à l’ordonnance de 0,50 € HT, honoraire lié à l’âge (jusqu’à 3 ans et à partir de 70 ans) de 0,50 € HT et honoraire de dispensation des médicaments spécifiques de 2 € HT), en complément des honoraires à la boîte (1€ HT) et pour ordonnances complexes (0,50€ HT). « Ils sont cumulables entre eux, rappelle Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Ils compensent la baisse de marge commerciale et vont permettre d’atténuer de 40% l’impact des baisses de prix des médicaments en 2019. »
Dans le même temps, les taux de marge des tranches 2 et 3 vont baisser. Le premier, dans la tranche de prix de 1,91 à 22,90 € PFHT, est ramené de 21,40% à 13% en 2019 et le second, dans la tranche de prix de 22,90 € à 150 €, de 8,50% à 6%.
La deuxième étape de l’évolution de la rémunération des pharmaciens est donc encore plus réformatrice que la première. Raison de plus pour prendre toutes les précautions utiles afin de bien passer le cap des premiers jours de janvier. « Car l’année 2019 s’annonce compliquée », ne cache pas Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). En effet, des incertitudes demeurent.
« La lecture de l’honoraire de dispensation pour médicament spécifique ne semble pas parfaite dans l’informatique des payeurs, s’inquiète-t-il. La liste de ces produits communiquée par l’Assurance maladie n’est pas, de notre point de vue, conforme à l’annexe 3 de l’avenant n°11 à la convention pharmaceutique fixant la liste des médicaments spécifiques retenus pour la facturation de l’honoraire relative aux dispensations particulières », déclare-t-il.
L’ayant passée au peigne fin, ce syndicat a mis en évidence plusieurs centaines de codes CIP manquants, de spécialités génériques, d’antibiotiques, d’antirétroviraux, d’anticoagulants… Une liste à corriger rapidement pour que la pharmacie n’y soit pas de sa poche.
Autre chantier délicat : faire renoncer Nicolas Revel, directeur général de l’Assurance maladie, à l’idée de récupérer l’excédent de 25 M€, – lié au trop bon rendement de la ROSP (rémunérations sur objectifs de santé publique)2017 payée en 2018 (165M€ au lieu des 140 M€ prévus) grâce au travail de substitution sur la rosuvastatine – sur la ROSP génériques de 2019. Ainsi, en cumulant cette reprise de 25 M€ à la baisse déjà programmée de la ROSP de 15M€ en 2019, la négociation s’ouvrirait sur une base de 75 M€ ! Inacceptable pour la FSPF. Quant à l’USPO, il estime que la meilleure façon d’éviter cette spoliation est d’abroger les nouvelles mesures sur le NS du PLFSS 2019. « Il faut laisser aux professionnels de santé le soin de trouver la bonne méthode pour limiter le recours à cette mention », propose Gilles Bonnefond, et ainsi augmenter la part des génériques.
Repères
- La transformation d’une partie de la marge en honoraires de dispensation est réalisée avec un apport de l’Assurance maladie de 215 M€ sur 3 ans pour le réseau officinal à périmètre constant.
- Les médicaments spécifiques représentent 36% des dispensations d’ordonnances.
- La ROSP génériques est prévue conventionnellement à 100 M€ en 2019.