La guerre des chiffres
Campagnes syndicales pour les élections URPS
Les deux syndicats en lice pour les élections des Unions régionales des professionnels de santé (URPS) pharmaciens sont entrés en campagne.
La FSPF et l’USPO se livrent une bataille rangée à coups de données économiques et analyses contradictoires des effets de la réforme de la rémunération.
A l’approche des élections pour désigner les équipes des URPS pharmaciens, les communiqués, conférences, présentations des deux syndicats se durcissent. Il faut dire que les résultats du scrutin conditionneront la représentativité syndicale dans la perspective des négociations conventionnelles avec l’Assurance maladie. Et que la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) et l’Union des syndicats de pharmaciens d’officines (USPO) ont des analyses de l’évolution de la situation économique de l’officine et des effets de la réforme de la rémunération pour le moins contrastées.
« Après trois ans de réforme de la rémunération qui nous a permis de ne plus être dépendants des prix et des volumes, les chiffres sont encore meilleurs que prévu. En 2020, nous constatons une amélioration de l’économie de l’officine avec 80 M€ de plus même en ramenant l’honoraire pour ordonnance complexe de 1€ à 30 centimes » se réjouit Gilles Bonnefond, président de l’USPO. Les nouveaux honoraires ont permis de dépasser la rémunération de 2016, avec un CA (PP TTC hors DOM) de 26,9 Mds € dont 1,69 Mds€ d’honoraires, selon les données présentées le 18 février Chiffres Iqvia lors du e-congrès de l’USPO qui se tient du 14 février au 14 mars 2021. « La rémunération à l’acte a permis d’augmenter la marge par rapport à 2016 de 5% à 5,4 Mds€ » souligne Manuel Antonio d’Iqvia qui annonce un bilan positif des trois dernières années avec 938 M€ de rémunération préservée depuis 2017 soit 41261€ par officine en moyenne. « L’avenant n°11 a permis une légère augmentation de la marge en valeur sur le remboursable » constate Carole Lejas, expert-comptable Exco. « La marge en euros a progressé en moyenne de 12 000€ par officine en 2020, grâce non seulement à la nouvelle rémunération mais aussi aux médicaments chers et à l’effet Covid (masques, gels hydroalcooliques, test…) » note Joël Lecoeur expert-comptable et président de CPG.
Une analyse toute différente de la part de Philippe Besset, président de la FSPF qui conteste ces chiffres car ils ne prennent pas en compte tous les indicateurs de l’observatoire de la rémunération de l’Assurance maladie : « l’avenant n°11 n’a pas rapporté 900 M€ au réseau, il a juste évité qu’on ne les perde. La rémunération du réseau officinal est en baisse, de plus de 1 % en 2020 par rapport à 2016. Cette dégradation devrait déclencher la renégociation de la convention avec la CNAM ». Il propose donc une revalorisation de la rémunération avec une hausse de différents honoraires pour compenser les baisses de prix des médicaments et l’augmentation des charges.
Demandez le programme
Pour élaborer son programme, la FSPF s’est appuyée sur la « Grande consultation » menée auprès de 6277 pharmaciens du 14 janvier au 11 février. « La nouvelle mission la plus demandée est la livraison à domicile » dévoile Philippe Besset. Les autres principales attentes : simplifications administratives, en particulier concernant les missions, amélioration du lien ville/hôpital et développement du MAD. En revanche, l’exercice coordonnée et la télésanté sont peu présents dans les préoccupations des officinaux. Parmi les nouvelles missions qui pourraient élargir le rôle du pharmacien les répondants souhaitent en priorité l’autorisation de vacciner contre le Covid-19 et de pouvoir administrer l’ensemble des rappels, la possibilité de participer aux soins de premier recours, de réaliser de nouveau Trods et enfin l’accompagnement des patients. Au programme de la FSPF également : le droit de substitution des biosimilaires, la rémunération des modifications d’ordonnances, la dispensation à domicile,
De son côté Gilles Bonnefond explique la stratégie de l’USPO : « nous souhaitons continuer à modifier la rémunération en se basant sur l’acte intellectuel du pharmacien (nouvelles missions, actions de prévention et dépistage…) et de moins en moins sur la logistique. La politique de l’USPO est d’accroître encore le rôle de professionnel de santé du pharmacien, en développant les interventions pharmaceutiques, en élargissant ses compétences et en travaillant de plus en plus en interpro et en synergie entre la ville et l’hôpital.
Voter en pratique
- Ouverture de la campagne le 17 février 2021
- Elections du 31 mars midi au 7 avril 2021 par vote électronique
- Toutes les informations (listes des candidats et professions de foi) sur le site elections-urps.sante.gouv.fr
- Ces élections concernent les professionnels de santé libéraux médecins (deux collèges distincts), chirurgiens-dentistes, pharmaciens, infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes et orthophonistes, soit 365 000 électeurs.