PharmagoraPlus : Pierre-Olivier Variot (USPO) dévoile en exclusivité un sondage alarmant sur le malaise des pharmaciens
En direct de PharmagoraPlus, Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO), a révélé en exclusivité les résultats d’un sondage mené auprès de 3000 pharmaciens. Ces chiffres, jamais diffusés auparavant, dressent un constat inquiétant : revalorisations jugées insuffisantes, lourdeurs administratives, pénuries de médicaments… Autant de facteurs qui engendrent un véritable « malaise profond » dans les officines et renforcent la nécessité d’un nouvel accord conventionnel.

Une détérioration croissante de la situation
Selon ce sondage exclusif, 80 % des pharmaciens estiment que leur trésorerie est « inquiétante ou moyenne », et 80 %jugent que leur situation globale s’est « légèrement ou totalement dégradée ». Pierre-Olivier Variot, de l’USPO, pointe aussi l’impact de l’inflation :
« En 10 ans, le BA (bénéfice annuel) a augmenté de 5 %, alors que l’inflation atteignait 25 % selon l’Insee. Dans certaines petites officines, la perte est encore plus importante. »
À cela s’ajoutent les difficultés de recrutement, qui contraignent l’organisation quotidienne et alimentent une fatigue grandissante dans le réseau officinal.
Des revalorisations jugées « largement insuffisantes »
L’enquête révèle un rejet quasi unanime de l’avenant 1 à la convention pharmaceutique :
- 97 % des pharmaciens se disent insatisfaits des revalorisations qu’il contient.
- 55 % jugent même ces dispositions « largement insuffisantes », 42 % « insuffisantes », et à peine 3 % les considèrent « assez ou largement suffisantes ».
Pierre-Olivier Variot trace un parallèle avec la situation des médecins :
« On peut dire que l’avenant 1, pour nous, c’était l’équivalent du règlement arbitral chez les médecins. Ils ont ensuite obtenu une vraie convention médicale ; il nous faut un avenant 2 sur le même modèle. »
Une charge administrative à l’origine de nombreux indûs
Autre source majeure de tension : la lourdeur des démarches administratives. 96 % des pharmaciens jugent ces procédures « trop lourdes et chronophages » ou « insoutenables ». Plus de 90 % affirment par ailleurs que cette complexité est responsable d’indûs :
« Le patient avait le choix entre se fournir à l’hôpital ou en ville. L’hôpital l’a orienté en ville, et pourtant on reproche aujourd’hui au pharmacien d’avoir délivré le médicament, alors qu’il l’a bien acheté, bien dispensé, sur une prescription hospitalière parfaitement valide. »
(Pierre-Olivier Variot)
Ce climat de suspicion et ces contrôles tatillons nourrissent un fort sentiment d’injustice, d’autant que les erreurs administratives reprochées n’entament en rien la qualité de la dispensation des traitements.
Des relations localement plus sereines avec les CPAM
Malgré cette pression administrative, le sondage dévoilé à PharmagoraPlus met en évidence des relations parfois plus apaisées au niveau local. À la question « Comment qualifiez-vous les relations avec votre CPAM ? » :
- 3 % parlent de « très bonnes relations »
- 37 % de « plutôt bonnes »
- 41 % les jugent « variables »
- 13 % répondent « assez compliquées »
- 6 % « très compliquées »
« On se demande pourquoi on n’arrive pas à faire au national ce qui fonctionne localement. Serait-on plus conciliant ou plus intelligent au niveau local ? »
(Pierre-Olivier Variot)
Une aggravation des pénuries pour plus d’un pharmacien sur deux
La crise des pénuries de médicaments est également un sujet d’inquiétude récurrent. Sur leur évolution depuis début 2024, les pharmaciens répondent :
- 0,5 % : nettement améliorée
- 19,5 % : légèrement améliorée
- 25 % : restée stable
- 19 % : légèrement détériorée
- 36 % : nettement aggravée
Ainsi, 55 % (19 % + 36 %) des répondants estiment que la situation s’est encore dégradée. Pierre-Olivier Variot déplore le manque de réactivité de certains acteurs :
« On découvre parfois des stocks importants chez les industriels, mais ils ne les libèrent pas. Or, la priorité devrait être de soigner, pas de stocker. »
Un appel à un « choc de simplification » et à une renégociation rapide
Face à l’ampleur du malaise, Pierre-Olivier Variot plaide, en direct de PharmagoraPlus, pour une refonte urgente de la convention pharmaceutique :
« Il est grand temps de déclencher un choc de simplification administrative et d’ouvrir une négociation pour réviser l’économie de l’officine. Je ne veux pas faire de parallèle direct avec les agriculteurs, mais on ne peut plus se permettre de laisser ce problème sous silence. »
Le président de l’USPO en appelle à une réaction rapide des pouvoirs publics afin de permettre aux pharmaciens, maillons essentiels de la santé de proximité, de poursuivre leurs missions sans être entravés par des contraintes jugées « étouffantes ». Il estime en effet que seules des mesures fortes, telles qu’un « vrai avenant 2 » et une simplification massive des démarches, permettront de restaurer l’attractivité et la stabilité du réseau officinal.