Cas graves en réanimation : quand les infections respiratoires mettent les hôpitaux sous pression

La saison hivernale 2024-2025 met à rude épreuve les services de réanimation. Selon les données de Santé publique France, 318 cas graves de grippe, 208 cas de COVID-19, et 93 cas d’infections au virus respiratoire syncytial (VRS) ont été recensés. Ces chiffres mettent en lumière les défis persistants en termes de prévention, de vaccination et de gestion des comorbidités dans une population adulte majoritairement vulnérable.

Par Thomas Kassab, publié le 10 janvier 2025

Cas graves en réanimation : quand les infections respiratoires mettent les hôpitaux sous pression

Des profils à haut risque majoritairement adultes

Parmi les 318 cas de grippe admis en réanimation, 86 % concernaient des patients âgés de 18 ans ou plus. La situation est similaire pour le COVID-19 (91 %) et le VRS (100 %, car la surveillance ne concerne que les adultes). Ces données confirment que les infections respiratoires aiguës graves ne sont plus seulement un problème pédiatrique ou réservé aux personnes âgées : elles concernent aussi des adultes jeunes présentant des comorbidités.

Le taux de présence de comorbidités est alarmant : 86 % des cas pour la grippe, 89 % pour le COVID-19, et 82 % pour le VRS. Ces chiffres rappellent que des pathologies chroniques comme le diabète, les maladies cardiovasculaires, ou encore les insuffisances respiratoires rendent ces patients particulièrement vulnérables aux formes graves.

Des taux de vaccination préoccupants

L’un des points les plus marquants du rapport est le faible taux de vaccination parmi les patients hospitalisés. Pour la grippe, 79 % des cas pour lesquels le statut vaccinal est renseigné n’étaient pas vaccinés. Une situation similaire se retrouve pour le COVID-19, où 92 % des cas hospitalisés n’avaient pas reçu de vaccin au cours des six derniers mois.

Le contraste est saisissant avec les recommandations des autorités de santé. Alors que la vaccination antigrippale est recommandée chaque année pour les populations à risque, ces chiffres montrent un décalage important entre les politiques de santé publique et leur application réelle. L’absence de vaccination dans une population pourtant ciblée par les campagnes souligne l’importance de revoir les stratégies de sensibilisation et de simplifier encore davantage l’accès à la vaccination.

Focus sur le VRS : un virus à ne pas sous-estimer

Bien que traditionnellement associé aux infections pédiatriques, le VRS représente également une menace pour les adultes, en particulier les plus fragiles. Sur les 93 cas graves recensés, 82 % des patients présentaient des comorbidités. Ce constat doit inciter à une réflexion autour de la prévention et de la vaccination contre ce virus. En effet, l’introduction récente d’un vaccin pour les adultes âgés et les femmes enceintes pourrait changer la donne dans les années à venir, mais son adoption reste à développer.

Une évolution des virus respiratoires

La grippe reste dominée par les virus de type A, identifiés dans 90 % des cas typés, majoritairement du sous-type A(H1N1)pdm09. Le retour de ce sous-type, souvent associé à des formes graves, doit alerter sur l’importance d’anticiper les vagues épidémiques en optimisant la couverture vaccinale et en ajustant les recommandations en fonction des données épidémiologiques en temps réel.

Pour le COVID-19, la majorité des cas admis en réanimation présentaient un syndrome de détresse respiratoire aigu (SDRA), nécessitant une ventilation invasive ou non-invasive dans 40 % des cas. La persistance de formes graves du COVID-19, malgré une immunité collective accrue, illustre la nécessité de maintenir la vigilance et de poursuivre la vaccination, notamment dans les populations les plus à risque.

Le rôle central des pharmaciens dans la lutte contre les infections respiratoires

Face à ces constats, les pharmaciens jouent un rôle clé dans la prévention et la gestion des infections respiratoires aiguës. Leur accessibilité, leur rôle dans la vaccination antigrippale et anti-COVID-19, ainsi que leur capacité à sensibiliser les patients sur les bénéfices de la vaccination en font des acteurs de première ligne.

Promouvoir la vaccination au comptoir

Lors des campagnes vaccinales, les officines peuvent maximiser leur impact en identifiant les patients à risque, notamment ceux venant renouveler des traitements pour des comorbidités. Proposer des services comme la vaccination sans rendez-vous, des rappels via des outils digitaux, ou encore l’affichage d’informations pédagogiques peut renforcer l’adhésion vaccinale.

Élargir les missions de santé publique

Les pharmaciens pourraient également jouer un rôle dans la détection précoce des symptômes d’infections respiratoires aiguës via des TROD grippe ou COVID-19, en permettant une orientation rapide vers les services de santé adaptés. De même, leur implication dans les nouvelles missions, comme la prescription de vaccins, pourrait avoir un impact significatif sur la couverture vaccinale.

Perspectives pour les saisons à venir

Les données de cette saison montrent que la prévention, la vaccination et la sensibilisation doivent rester des priorités absolues. Alors que de nouveaux vaccins, notamment contre le VRS, arrivent sur le marché, il est essentiel de garantir leur accessibilité et d’encourager leur adoption dans les populations cibles. Cela passe par une meilleure coordination entre les autorités de santé, les professionnels de santé, et le grand public.

En conclusion, ces chiffres rappellent que chaque acteur de santé a un rôle à jouer pour limiter l’impact des infections respiratoires. Les pharmaciens, en première ligne, doivent non seulement promouvoir la vaccination, mais aussi contribuer activement à l’éducation des patients pour une prévention globale et efficace.

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