Covid-19 : Vers un déremboursement des tests de dépistage ?

Depuis le 1er mars 2023, l’Assurance Maladie a modifié les règles de remboursement des tests de dépistage de la covid-19. Désormais, un déremboursement total est envisagé, soulevant des questions cruciales sur l’accès aux analyses et leurs répercussions pour la santé publique.

Par Armance Gelaude, publié le 17 janvier 2025

Covid-19 : Vers un déremboursement des tests de dépistage ?

Contexte actuel : Quelles sont les règles en vigueur ?

Depuis mars 2023, les tests RT-PCR et antigéniques ne sont plus intégralement remboursés. Les analyses réalisées par des médecins ou des pharmaciens sont pris en charge à hauteur de 70 %, tandis que ceux effectués par des infirmiers ou masseurs-kinésithérapeutes le sont à 60 %. Pour les assurés disposant d’une complémentaire santé, le reste à charge est souvent couvert.

Certaines catégories de population continuent de bénéficier de la gratuité des tests. Les personnes de 65 ans et plus, les mineurs, les professionnels des secteurs médicaux et médico-sociaux ainsi que les patients atteints d’affections de longue durée (ALD) disposent d’une prise en charge totale. Les femmes enceintes et les participants à des campagnes de dépistage collectif figurent également parmi les exceptions.

 

Annonces officielles : Vers un déremboursement total ?

Le 15 janvier 2025, un projet d’arrêté a été transmis aux syndicats de pharmaciens, proposant la suppression du remboursement des tests antigéniques réalisés en officine. Catherine Vautrin et Yannick Neuder, récemment nommés ministres en charge de la Santé, ont justifié cette mesure en affirmant qu’elle a pour objectif de clore les dispositifs d’urgence mis en place pendant la crise sanitaire.

Ce projet a suscité une vive opposition. L’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) a alerté sur les répercussions pour la santé publique. Elle demande le maintien de la prise en charge pour les populations les plus vulnérables, afin de préserver leur accès au dépistage.

 

Des arguments pour et contre

Le gouvernement avance plusieurs raisons en faveur de ce déremboursement. La réduction des dépenses publiques constitue un argument majeur : en 2024, le coût des tests antigéniques s’élevait à 44 millions d’euros. En outre, mettre fin à la gratuité pourrait encourager davantage de personnes à se faire vacciner, renforçant ainsi la stratégie préventive. Enfin, cette mesure permettrait d’aligner le remboursement sur celui des autres actes médicaux.

Cependant, de nombreux acteurs soulignent les inconvénients. Le coût pourrait dissuader les populations les plus précaires de se faire dépister, ce qui compromettrait la surveillance épidémique. Sans tests précis, les prescriptions d’antibiotiques risquent d’augmenter, favorisant ainsi la résistance bactérienne. Par ailleurs, ils restent indispensables pour identifier rapidement les infections combinées, comme la Covid-19, la grippe et le VRS. Leur rôle est donc crucial pour contenir les épidémies.

 

« Un non-sens pour la santé publique »

Pour l’USPO, cette mesure aurait des répercussions directes sur la santé publique et la pérennité des officines. Les patients les plus précaires risqueraient de voir leur accès au dépistage réduit. Les officines, quant à elles, pourraient subir une baisse significative de leurs revenus liés aux tests.

Cette mesure pourrait aussi entraîner une hausse des consultations aux urgences pour infections respiratoires. Dans un contexte hospitalier déjà saturé, un tel impact risquerait d’aggraver les tensions sur le système de santé.

 

La Haute Autorité de Santé (HAS) recommande de maintenir un remboursement partiel pour les groupes vulnérables. Par ailleurs, des stratégies de surveillance alternatives, reposant sur des indicateurs comme les hospitalisations, pourraient être envisagées.

La question demeure ouverte : de quel côté penchera la balance bénéfice-risque si cette mesure devient définitive ?