Dépistage des IST sans ordonnance : dès septembre 2024 !

À partir du 1er septembre 2024, les patients auront la possibilité de se faire dépister pour plusieurs IST directement en laboratoire, sans avoir à consulter un médecin au préalable. Cette avancée, introduite par la mesure « mon test IST », découle de la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023 et vise à renforcer la prévention des IST en facilitant l'accès au dépistage.

Par Thomas Kassab, publié le 02 septembre 2024

Dépistage des IST sans ordonnance : dès septembre 2024 !

Dès le 1er septembre 2024, une nouvelle étape sera franchie dans la lutte contre les IST en France. Grâce à la mesure « mon test IST », incluse dans la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2023, les patients pourront désormais se rendre directement en laboratoire pour un dépistage complet de plusieurs IST, sans qu’une ordonnance médicale soit nécessaire. Cette initiative vise à démocratiser l’accès au dépistage, en particulier pour les jeunes et les groupes les plus vulnérables, tout en répondant aux défis croissants liés à la propagation des IST.

Un changement d’accès radical pour le dépistage

Jusqu’à présent, le dépistage des IST nécessitait généralement une consultation médicale préalable pour obtenir une ordonnance. Ce parcours, bien que pertinent, pouvait représenter un frein pour de nombreuses personnes, notamment les jeunes ou celles en situation de précarité, pour qui l’accès à un médecin n’est pas toujours facile ou immédiat. Avec la mise en place de « mon test IST », cette barrière est levée, permettant ainsi un accès direct et simplifié aux tests dans tous les laboratoires de biologie médicale du territoire, qu’ils soient situés en milieu urbain ou dans des hôpitaux.

Ce dispositif inclut la possibilité pour les patients de se faire dépister pour cinq infections : le VIH, la syphilis, Chlamydia trachomatis, le gonocoque (agent responsable de la gonorrhée) et l’hépatite B. La simplification de ce processus pourrait encourager une plus grande partie de la population à se faire dépister régulièrement, une mesure essentielle pour la prévention et la réduction des risques.

Les infections sexuellement transmissibles sous surveillance

Les IST constituent un enjeu de santé publique majeur en France, avec des chiffres alarmants concernant certaines infections, notamment chez les jeunes adultes. Selon les données de Santé Publique France, les infections à Chlamydia et gonocoque ont considérablement augmenté ces dernières années, en particulier chez les jeunes de 15 à 24 ans. Ces infections, bien que souvent asymptomatiques, peuvent entraîner des complications graves, notamment des infertilités et des inflammations chroniques, si elles ne sont pas dépistées et traitées à temps.

En facilitant l’accès au dépistage, le gouvernement espère non seulement détecter plus rapidement les cas positifs, mais aussi limiter la transmission de ces infections par des actions de prévention ciblées et un suivi médical rapide. Le dépistage sans ordonnance pourrait ainsi devenir un pilier fondamental de la stratégie nationale de lutte contre les IST.

Une procédure simplifiée mais encadrée

La mise en œuvre de cette mesure est accompagnée de procédures destinées à assurer la sécurité et l’efficacité du dépistage. Les patients souhaitant se faire dépister devront remplir un autoquestionnaire lors de leur arrivée au laboratoire. Ce document permet de mieux cerner les facteurs de risque et d’adapter les tests en conséquence. En cas de résultat positif, le patient sera systématiquement orienté vers un professionnel de santé pour un suivi adapté.

Le rôle des laboratoires ne se limite donc pas à la simple réalisation des tests. Ils deviennent également des acteurs clés dans l’orientation des patients vers des soins appropriés, contribuant ainsi à une meilleure gestion des IST dans le cadre d’une démarche de santé publique plus globale. Les messages de prévention inclus dans les résultats des tests visent par ailleurs à sensibiliser les patients sur l’importance de la protection et de la prévention continue.

Une prise en charge adaptée pour maximiser l’impact

Le coût du dépistage, souvent perçu comme un obstacle pour certaines personnes, a aussi été pris en compte dans cette réforme. Pour les jeunes de moins de 26 ans, le dépistage sera entièrement pris en charge par l’Assurance Maladie, sans avance de frais. Cette gratuité a pour but de lever les dernières barrières financières et d’encourager un dépistage régulier chez une tranche d’âge particulièrement touchée par les IST. Pour les autres patients, l’Assurance Maladie prendra en charge 60 % du coût, le reste étant généralement couvert par une complémentaire santé.

Un effort de communication national pour sensibiliser

Consciente de l’importance de faire connaître ce nouveau dispositif, l’Assurance Maladie prévoit de lancer une campagne de communication à grande échelle. Cette campagne ciblera les professionnels de santé, pour qu’ils puissent informer et encourager leurs patients à utiliser ce service, ainsi que le grand public. Une attention particulière sera portée aux jeunes, avec des messages adaptés pour les inciter à se faire dépister régulièrement. Des outils numériques, des campagnes sur les réseaux sociaux, et des interventions dans les établissements scolaires et universitaires sont envisagés pour maximiser l’impact de cette campagne.

Une mise en œuvre dans un contexte de tensions

Ce changement intervient dans un climat de tensions au sein du secteur de la biologie médicale. Les syndicats de biologistes médicaux ont annoncé une grève des laboratoires du 20 au 23 septembre 2024, en protestation contre les réformes budgétaires qui, selon eux, menacent la viabilité économique de leur profession. Cette grève, bien que temporaire, pourrait affecter l’accès au dépistage pendant cette période, illustrant ainsi les défis auxquels est confronté le secteur de la santé, malgré les avancées en matière de prévention.

Vers une réduction des IST en France

La mesure « mon test IST » s’inscrit dans une volonté plus large de renforcer la prévention et la prise en charge des infections sexuellement transmissibles en France. En facilitant l’accès au dépistage, en offrant une prise en charge financière adaptée, et en déployant une campagne de sensibilisation ambitieuse, le gouvernement espère inverser la tendance à la hausse des IST. Cette mesure, bien que récente, pourrait s’avérer déterminante dans la réduction des infections, en particulier parmi les jeunes, et contribuer ainsi à une amélioration globale de la santé publique.