La prévention passe par le choix : gastronomie et santé s’allient pour le Dry January
Avec les « Accords Essentiels », la Ligue contre le cancer et les chefs étoilés montrent qu’il est possible de conjuguer plaisir et santé. Une initiative qui, au-delà de janvier, invite à une réflexion sur nos modes de consommation.
À l’occasion du Dry January, la Ligue contre le cancer s’est associée à sept chefs étoilés, dont Kosuke Nabeta du restaurant Sola à Paris, pour proposer une alternative unique : les « Accords Essentiels ». Ces créations sans alcool répondent à une ambition claire : éveiller les consciences sur le lien entre consommation de spiritueux et cancer, tout en offrant une expérience culinaire enrichissante pour tous. Emmanuel Ricard, directeur de la prévention à la Ligue contre le cancer, le résume ainsi :
« La prévention, c’est d’abord avoir le choix. »
Emmanuel Ricard, Directeur du Service Prévention et Promotion des dépistages de la Ligue contre le cancer
L’alcool, un facteur de risque bien connu
En France, l’alcool est responsable de 28 000 nouveaux cas de cancer par an. Si ceux du foie et de l’œsophage viennent naturellement à l’esprit, celui du sein, avec 8 000 cas annuels liés à l’alcool, est moins connu. « La consommation d’alcool, même modérée, peut augmenter les risques. Pourtant, cette réalité reste insuffisamment relayée. » alerte Emmanuel Ricard.
Des expériences culinaires sans compromis
Au restaurant Sola, le chef Kosuke Nabeta présente des alternatives sans alcool qui valorisent les saveurs tout en étant écoresponsables. Parmi ses créations, un jus de betterave aux tanins naturels, élaboré à partir d’ingrédients récupérés, mime à la perfection la couleur du vin rouge. « L’objectif est que l’expérience gustative soit équivalente, quel que soit le choix de la boisson, » explique Dorian Godet, directeur de l’établissement. Ces propositions permettent à tous les convives, y compris ceux qui décident de ne pas boire d’alcool, de pleinement profiter de leur repas.
Les retours sont d’ailleurs plus qu’enthousiastes : « Nos clients sont souvent agréablement surpris et ravis d’avoir une option sans alcool à la hauteur des accords mets-vins. Cela entraîne aussi de la curiosité. Comme le souligne Emmanuel Ricard, “La prévention, c’est avant tout offrir le choix.” Le but n’est pas d’interdire, mais de proposer une alternative ou un complément qui enrichisse l’expérience culinaire sans compromis. » précise le directeur.
Ces initiatives répondent aussi à des préoccupations à court terme, comme la conduite. Proposer une alternative intéressante et sans alcool garantit une expérience culinaire complète. Et cela même pour les convives qui doivent rester sobres et qui ne sont donc pas tentés par « un petit verre juste pour goûter. ».
La prévention tout au long de l’année
Le Dry January permet la mise en avant des chiffres et de la prévention autour de l’alcool. Mais la Ligue contre le cancer s’engage au-delà de ce mois. Parmi ses initiatives, un partenariat avec Avenir Santé valorise les organisateurs de festivals et événements proposant des mesures de réduction des risques. Par ailleurs, la Ligue lutte contre le marketing abusif des boissons alcoolisées qui ne respectent pas la loi Evin.
Le rôle clé des pharmaciens
Acteurs de santé de proximité, les pharmaciens jouent un rôle essentiel dans la prévention. En sensibilisant leurs patients sur les risques liés à l’alcool, ils contribuent directement à les réduire. Emmanuel Ricard insiste : « Informer, c’est rappeler que l’alcool impacte le sommeil, le poids, et même le système immunitaire. Mais aussi qu’il ne s’agit pas uniquement de la quantité consommée : le degré d’alcool doit également faire l’objet d’une attention particulière. ». La Ligue met à disposition des documents pour éduquer et conseiller les patients, favorisant une prévention adaptée et accessible.
Aborder le sujet de la boisson avec sa patientèle peut parfois sembler complexe. Cependant, il existe des approches subtiles et tout aussi efficaces. Emmanuel Ricard propose un geste simple : « En rappelant sur les ordonnances que ce médicament n’est pas compatible avec l’alcool, on transmet le message de manière délicate tout en restant dans un cadre professionnel. Cela permet de faire de la prévention avec une intention positive, sans créer un sentiment d’intrusion dans la vie privée. »
Le meilleur conseil à prodiguer reste de s’hydrater. Boire de l’eau est non seulement essentiel pour limiter les effets négatifs d’une consommation excessive d’alcool, mais c’est également une prévention simple et accessible. En insistant sur ce point, les professionnels de santé — et de restauration ! — peuvent éviter de donner l’impression qu’il existerait des moyens « miracles » pour compenser les conséquences d’une surconsommation. Une hydratation régulière aide à davantage récupérer tout en rappelant que prévenir vaut mieux que guérir.