Sunlenca® : l'innovation dans le traitement du VIH, par François Durand, Directeur Médical VIH de Gilead.

Dans un précédent article, nous avons exploré les contours innovants du Sunlenca®, le nouveau médicament de Gilead dans la lutte contre le VIH, qui a récemment été honoré par le prestigieux Prix Galien. Ce traitement, salué pour son approche révolutionnaire, marque un tournant décisif dans la prise en charge du VIH. Pour approfondir notre compréhension de ce succès, nous avons eu l’opportunité d’interviewer Dr François Durand, Directeur Médical VIH chez Gilead.

François Durand, Directeur Médical VIH – Gilead

Avec son expertise et sa vision éclairée, Dr François Durand nous plonge au cœur du Sunlenca®, nous dévoilant les raisons de sa reconnaissance par le Prix Galien, son mécanisme d’action unique, et répondant à nos questions sur son impact dans le paysage thérapeutique du VIH. Dans cet entretien exclusif, François Durand nous éclaire sur les nuances de cette innovation, offrant une perspective détaillée sur la façon dont le Sunlenca® se distingue dans le traitement du VIH et sur les espoirs qu’il suscite pour les patients et la communauté scientifique :

Thomas Kassab : Le prix Galien a récemment récompensé Sunlenca®, en quoi ce médicament est-il une innovation dans la lutte contre le VIH ?
François Durand : D’une part, c’est le premier inhibiteur de capside, ciblant une protéine essentielle du VIH jamais abordée par les traitements antérieurs.

Sunlenca® (lénacapavir) est une innovation thérapeutique et galénique dans le traitement du VIH.

D’autre part, il représente une avancée permettant une administration semestrielle. Ainsi, ses caractéristiques physico-chimiques et sa pharmacocinétique offrent un nouveau paradigme dans la lutte contre le VIH.

Le prix Galien a également honoré ce médicament pour sa capacité à agir sur des souches de VIH multirésistantes, nécessaire pour les patients en phase avancée de la maladie.

Ces patients, ayant épuisé de nombreux antirétroviraux, se retrouvent souvent avec un virus résistant, en grande partie à cause de l’observance difficile. La formulation sous-cutanée semestrielle du lénacapavir est une innovation, répondant aux problèmes d’observance des patients en impasse thérapeutique.

Sunlenca®

Thomas Kassab : Quel est le mécanisme d’action de Sunlenca® ?
François Durand : Le lénacapavir cible la capside du VIH. Cette protéine, qui enveloppe le matériel génétique du virus, est cruciale dans son cycle de vie. Le lénacapavir agit en bloquant l’assemblage de la capside lors de la formation du virus et inhibe également son désassemblage quand il infecte une cellule. Cette double action représente un progrès dans la lutte contre les formes résistantes du VIH.

Thomas Kassab : Comment garantissez-vous la bonne tolérance d’un traitement sous-cutané à longue durée d’action comme Sunlenca® ?
François Durand : Le lénacapavir a été soumis à des essais cliniques rigoureux pour évaluer sa sécurité et sa tolérance. Les résultats des phases cliniques jusqu’à l’obtention de l’autorisation de mise sur le marché ont montré une tolérance acceptable. Ces aspects sont cruciaux pour le futur développement et l’acceptabilité de ce médicament par les patients.

Thomas Kassab : Comment une mauvaise observance en virologie conduit-elle à la résistance du virus ?
François Durand : Des prises irrégulières créent des moments de sous-dosage, donnant au virus l’opportunité de développer des résistances. C’est pourquoi, dans le traitement du VIH, il est important de respecter les posologies et d’utiliser des combinaisons de médicaments pour bloquer efficacement le cycle viral et empêcher l’émergence de mutations résistantes.

Thomas Kassab : Y a-t-il un risque de résistance avec l’utilisation d’antirétroviraux à titre préventif comme la PrEP par exemple ?
François Durand : Si le patient ignore encore sa séropositivité au VIH, l’utilisation de la PrEP peut conduire à des résistances, car le traitement de la PrEP n’est pas suffisamment efficace dans cette situation. Cela donne au virus l’opportunité de développer des résistances. Il est donc essentiel de contrôler la sérologie VIH avant la mise en route de la PrEP et régulièrement au cours du suivi.

Thomas Kassab : Sunlenca® pourrait-il être proposé pour une utilisation plus large, au-delà des patients multi-résistants ou en prophylaxie ?
François Durand : Nous envisageons d’étendre l’utilisation du lénacapavir. Nos recherches actuelles incluent des essais cliniques visant à évaluer son efficacité dans une population plus large de patients VIH, y compris ceux qui rencontrent des difficultés d’observance avec leur traitement quotidien en raison de la chronicité de la maladie. Nous explorons également le développement d’une forme en comprimé à longue durée d’action, pour une administration simplifiée.

Thomas Kassab : Comment la perception du VIH a-t-elle évolué, influençant la prévention ?
François Durand : La perception du VIH a significativement évolué. Avec l’amélioration des traitements, la qualité de vie des patients s’est améliorée, réduisant la peur associée au VIH. Cette évolution peut parfois entraîner un relâchement dans les mesures de prévention, surtout chez les jeunes générations moins exposées aux campagnes de sensibilisation antérieures. Il est crucial de maintenir une éducation et une prévention actives pour continuer à lutter efficacement contre le VIH.

Thomas Kassab : Quels sont les prochains pas pour Gilead dans la lutte contre le VIH ?
François Durand : Notre objectif est d’élargir l’accès aux traitements, à la prévention tout en poursuivant la recherche de nouvelles molécules et stratégies thérapeutiques.

Chez Gilead, notre ambition est de mettre fin à l’épidémie du VIH pour tous, partout dans le monde.

Nous sommes particulièrement investis dans la recherche d’une guérison pour éradiquer définitivement le VIH.