Plan hivernal de l'ANSM : comment éviter les pénuries de médicaments en officine cet hiver ?

Le plan hivernal 2024-2025 de l'ANSM impose des mesures strictes pour anticiper les pénuries de médicaments en officine. Antibiotiques, antipyrétiques, corticoïdes : comment s'y préparer efficacement ?

Par Thomas Kassab, publié le 14 octobre 2024

Plan hivernal de l’ANSM : comment éviter les pénuries de médicaments en officine cet hiver ?

Le plan hivernal 2024-2025 de l’ANSM impose plusieurs mesures destinées à anticiper et éviter les pénuries de médicaments critiques pendant la saison hivernale. En tant que pharmacien d’officine, il est impératif de comprendre les implications concrètes de ce dispositif pour une gestion optimisée des stocks et des commandes.

Liste de molécules sous surveillance renforcée

L’ANSM a établi une liste de 13 molécules sous surveillance, incluant des antibiotiques (amoxicilline, amoxicilline-acide clavulanique, azithromycine, clarithromycine), des corticoïdes (prednisolone), des antipyrétiques (paracétamol) et des médicaments contre l’asthme (bronchodilatateurs)​.

Que cela signifie pour l’officine :

  • Anticiper les pics de demande : Les pathologies respiratoires étant plus fréquentes en hiver, la demande pour ces classes thérapeutiques augmente. Il est recommandé de commander en avance ces médicaments afin d’éviter des ruptures de stock, surtout pour les antibiotiques, dont la gestion est souvent délicate en période hivernale.
  • Surveiller les évolutions : Certaines molécules comme le paracétamol pour adultes quittent la liste cette année, mais les macrolides, utilisés pour traiter des infections comme la coqueluche, y sont désormais inclus​.

Centralisation des approvisionnements par les grossistes-répartiteurs

Depuis juillet 2024, les pharmacies sont tenues de s’approvisionner exclusivement via les grossistes-répartiteurs pour certains médicaments critiques, notamment les antibiotiques comme l’amoxicilline pédiatrique. Cette mesure vise à centraliser la gestion des stocks pour éviter les disparités régionales observées l’hiver dernier, où certaines pharmacies étaient sur-approvisionnées tandis que d’autres étaient en rupture​.

Que cela implique en officine :

  • Optimisation des commandes : Les pharmacies ne peuvent plus s’approvisionner directement auprès des laboratoires pour ces molécules. Il est donc essentiel d’établir une relation de confiance avec les grossistes, de vérifier régulièrement les disponibilités, et d’adapter les commandes en fonction de la demande anticipée.
  • Suivi des stocks : Un contrôle renforcé des stocks internes est nécessaire. En cas de tension, la priorité doit être donnée aux molécules critiques listées par l’ANSM. Les pharmaciens doivent être particulièrement vigilants sur les périodes de forte demande pour ne pas se retrouver en rupture.

Indicateurs hebdomadaires et réunions mensuelles

L’ANSM publiera des indicateurs hebdomadaires sur la disponibilité des médicaments critiques dans la chaîne d’approvisionnement. Ces données fourniront des informations précieuses pour ajuster les commandes et éviter des pénuries localisées. Par ailleurs, des réunions mensuelles avec les représentants des professionnels de santé et les acteurs de la chaîne du médicament permettront de réagir rapidement en cas de tensions sévères​.

Actions à entreprendre :

  • Analyse des indicateurs : Les pharmaciens doivent suivre ces publications de près pour ajuster leurs approvisionnements selon les tendances observées.
  • Communication avec les prescripteurs et patients : En cas de pénurie d’un médicament, il est important de proposer des alternatives et de communiquer avec les prescripteurs pour ajuster les ordonnances si nécessaire.

Conseils pratiques pour les pharmaciens d’officine

  1. Anticiper les commandes : Identifiez les médicaments sous tension et commandez-les en amont des pics hivernaux.
  2. Renforcer les relations avec les grossistes : Maintenez un contact régulier avec vos grossistes-répartiteurs pour être informé rapidement des ruptures ou des disponibilités futures.
  3. Proposer des alternatives thérapeutiques : En cas de pénurie d’antibiotiques ou de corticoïdes, informez les prescripteurs et suggérez des alternatives lorsque cela est possible.
  4. Informer les patients : Soyez transparent sur la disponibilité des médicaments et informez les patients des délais ou des alternatives disponibles si nécessaire.

Conclusion

Le plan hivernal 2024-2025 de l’ANSM demande une adaptation proactive des pratiques en officine. La gestion des stocks et des commandes doit être optimisée pour répondre aux besoins croissants en médicaments essentiels durant l’hiver. Une bonne communication avec les grossistes et les prescripteurs, ainsi qu’une vigilance sur les indicateurs hebdomadaires publiés par l’ANSM, seront des clés pour garantir une continuité des soins dans les meilleures conditions possibles.