Titulaire d'officine : évitez les pièges pendant les congés d'été !

Pharmaciens titulaires, connaissez-vous vraiment vos obligations légales et les risques associés à la gestion de votre personnel ? Découvrez comment éviter les pièges et assurer une pratique sereine.

Par Thomas Kassab, publié le 19 juillet 2024

Titulaire d’officine : évitez les pièges pendant les congés d’été !

Naviguer dans le monde de la pharmacie d’officine n’est pas sans défis. Entre la gestion des préparatrices, l’emploi de pharmaciens étrangers et l’accueil de stagiaires internationaux, chaque décision peut avoir des répercussions légales. Ce guide pratique vous offre des réponses claires et des conseils essentiels pour minimiser les risques et garantir une pratique sécurisée et conforme à la législation. Plongez dans les détails de vos responsabilités professionnelles et apprenez à maîtriser les aspects délicats de votre métier.

Le personnel de l’officine

Puis-je laisser ma préparatrice seule ?

À aucun moment. En tant que pharmacien titulaire, vous ne pouvez pas laisser votre préparatrice seule dans l’officine. La loi exige que la présence d’un pharmacien soit assurée en permanence pendant les heures d’ouverture. La préparatrice en pharmacie, bien que qualifiée pour exécuter de nombreuses tâches, ne peut pas remplacer le pharmacien pour les actes de dispensation et la responsabilité professionnelle. En cas d’absence temporaire, un autre pharmacien doit être présent pour garantir le respect des obligations légales et assurer la sécurité des patients​.

Puis-je employer un pharmacien étranger ?

Oui, il est possible d’employer un pharmacien étranger en France, mais plusieurs conditions doivent être remplies :

  1. Diplômes de l’Union Européenne (UE) ou de l’Association Européenne de Libre Échange (AELE) : les diplômes obtenus dans ces pays bénéficient d’une reconnaissance automatique. Il suffit alors au pharmacien de s’inscrire à l’Ordre des Pharmaciens en France pour pouvoir exercer​.
  2. Diplômes hors UE/AELE : le pharmacien devra obtenir une autorisation d’exercice via une procédure de reconnaissance menée par le Centre National de Gestion (CNG). Cette procédure peut inclure des stages d’adaptation ou des épreuves d’aptitude pour vérifier que le niveau de formation est équivalent à celui requis en France​.
  3. Autorisation de travail : indépendamment de l’origine du diplôme, tout pharmacien étranger doit disposer d’une autorisation de travail valide pour exercer en France​.

Pour plus de détails sur les procédures spécifiques et les documents requis, il est conseillé de consulter l’Ordre des Pharmaciens.

Puis-je employer un étudiant en pharmacie étranger pour un stage dans ma pharmacie ?

Oui, il est possible d’employer un étudiant en pharmacie étranger pour un stage en France, à condition de respecter certaines procédures. Si le stage dure moins de 3 mois, l’étudiant devra obtenir un visa de court séjour. Pour des stages de plus de 3 mois, un visa de long séjour valant titre de séjour sera nécessaire. Dans tous les cas, une convention de stage tripartite (entre l’étudiant, l’établissement de formation à l’étranger et l’officine en France) doit être établie et validée par les autorités compétentes​​. Il est également nécessaire de justifier des ressources suffisantes pour la durée du séjour et de disposer d’une assurance santé valide.

Co-responsabilité

Le tandem médecin-pharmacien est fondametale pour la sécurité des patients. Lorsqu’un médecin prescrit un médicament, le pharmacien doit vérifier la validité et la sécurité de cette prescription. Prenons l’exemple où un médecin prescrit 500 mg de paracétamol à un enfant de 8 kg et le pharmacien délivre cette dose sans objection. Si l’enfant développe une hépatite, les parents peuvent engager la responsabilité du médecin, du pharmacien ou des deux.

Types de responsabilités

  • Responsabilité civile : le patient peut poursuivre le pharmacien pour obtenir des compensations financières pour tout dommage subi. Cela peut inclure des réclamations auprès du tribunal judiciaire ou administratif, de la commission de conciliation et d’indemnisation, ou directement auprès de l’assureur du praticien.
  • Responsabilité ordinale : les pharmaciens, comme les médecins, répondent de leurs actes devant leurs ordres professionnels respectifs. Les sanctions peuvent aller de l’avertissement à la radiation en cas de manquement au code de déontologie.
  • Responsabilité pénale : en cas de violation du code pénal, le pharmacien peut être poursuivi et risquer des amendes ou des peines de prison. La sécurité et l’intégrité des patients sont primordiales.

Cas particuliers

  • Erreur de délivrance : si le pharmacien fait une erreur en délivrant un médicament, la responsabilité du médecin n’est généralement pas engagée. Cependant, si le médecin administre ce produit erroné, il peut également être tenu responsable.
  • Erreur de prescription : un pharmacien qui identifie une erreur sur une ordonnance doit refuser de délivrer le médicament, en informer le prescripteur et annoter l’ordonnance. Protéger la santé du patient est une priorité grâce aux connaissances en pharmacologie du pharmacien.
  • Chute d’un patient : la responsabilité du pharmacien n’est pas automatique en cas de chute d’un patient dans l’officine. Chaque situation doit être analysée pour déterminer s’il y a eu négligence. Par exemple, un pharmacien est responsable si un client glisse sur un flacon de monoï renversé et non nettoyé. En revanche, il n’est pas responsable si un patient tombe dans une zone privée correctement signalée.

Conseils pratiques

Pour éviter les risques de responsabilité, les pharmaciens doivent :

  • Vérifier systématiquement les prescriptions pour identifier toute erreur potentielle.
  • Maintenir une communication ouverte avec les prescripteurs pour corriger les éventuelles erreurs.
  • Assurer la sécurité des locaux, en nettoyant immédiatement les substances renversées et en signalant les zones à risque.