Le marché de la vente libre en pharmacie : état des lieux et perspectives

Dans un marché en constante évolution, les pharmacies doivent s’adapter aux nouvelles attentes des patients et aux mutations du secteur pour rester compétitives. Face à la montée du e-commerce et aux récentes habitudes de consommation, elles devront redoubler d’efforts pour renforcer leur rôle de conseil et diversifier leur offre.

Par Armance Gelaude, publié le 12 février 2025

Le marché de la vente libre en pharmacie : état des lieux et perspectives

Le marché de la vente libre en pharmacies, parapharmacies et e-commerce en France a poursuivi sa croissance en 2024, atteignant 16,4 milliards d’euros (+4 %), selon l’analyse d’IQVIA France présentée par Antoine Collet, directeur du panel Pharmastat, et Paul Reynolds, directeur adjoint Consumer Health au sein du département Consulting Services & Analytics.

Une croissance portée par les produits hors AMM

Le segment de la médication familiale reste prépondérant, représentant un tiers du marché avec 5,4 milliards d’euros. Toutefois, la progression la plus marquante concerne les produits d’hygiène et de compléments alimentaires, en hausse respectivement de 7,4 % et 8,3 %. « La croissance est essentiellement tirée par les produits non remboursables et hors AMM », explique Paul Reynolds.

L’effet nouveauté joue un rôle majeur dans la dynamique du marché, avec des lancements de produits novateurs qui ont contribué à hauteur de 497 millions d’euros de chiffre d’affaires supplémentaire en 2024. « L’arrivée de nouvelles formulations et galéniques a été un moteur essentiel pour capter l’attention des patients et renforcer l’attractivité des officines », analyse Paul Reynolds.

Des canaux de distribution en mutation

La pharmacie demeure le premier canal de vente libre avec un chiffre d’affaires de 14,9 milliards d’euros et une croissance de 3,5 %. La progression du marché a été dans l’ensemble partagée à travers tous les segments, qu’il s’agisse des grandes officines urbaines ou des pharmacies rurales.

La parapharmacie affiche une progression de 7,7 %, tandis que les ventes en ligne poursuivent leur ascension (+6,1 %), portées par les purs players et les pharmacies en ligne. « Amazon, bien que minoritaire avec 159 millions d’euros de chiffre d’affaires, connaît une croissance fulgurante de 44 % », précise Antoine Collet.

Par ailleurs, la question de l’ouverture hypothétique de la vente de médicaments en dehors du circuit pharmacie divise les Français. Une part importante de la population y reste opposée, invoquant la nécessité du conseil du pharmacien pour garantir un bon usage des produits. D’autres, en revanche, perçoivent cette possibilité comme une solution pour améliorer l’accessibilité, notamment en zone rurale où les officines se font plus rares.

Le rôle central du pharmacien et l’évolution des officines

En 2024, la France compte 19 664 officines, marquant une légère baisse du maillage territorial. Ce recul est symbolique. Il fait passer le nombre d’établissements sous le seuil des 20 000. Néanmoins, le chiffre d’affaires moyen progresse de 5 %, atteignant 757 000 euros sur la vente libre.

Le retour des patients en pharmacie se confirme, avec un panier moyen de 16,77 euros. « Les nouvelles missions du pharmacien, comme les TROD cystite et la vaccination, renforcent leur positionnement en tant qu’acteurs de premier recours », souligne Paul Reynolds.

Par ailleurs, la diversification des services en officine permet aux pharmaciens de capter de nouveaux patients. L’augmentation des actes de conseil et des tests rapides, couplée à une offre élargie de compléments alimentaires et de produits d’hygiène, soutient cette tendance. En renforçant leur rôle d’experts en santé, les pharmaciens consolident leur place dans le parcours de soins.

Les Français restent attachés à leur pharmacie, valorisant le conseil, le professionnalisme et la compétence des équipes officinales. Cette relation de confiance se traduit par une fréquentation régulière et une préférence marquée pour les suggestions des pharmaciens, en particulier sur les produits de médication familiale.

Quelles perspectives pour 2025 ?

IQVIA anticipe une croissance modérée du marché de la vente libre en 2025, estimée à 2,3 %, soit 300 millions d’euros supplémentaires. L’hygiène beauté, les compléments alimentaires et la nutrition devraient continuer à soutenir le marché, tandis que les dispositifs médicaux pourraient voir une légère contraction. L’inflation, toujours présente, restera un facteur d’influence sur la stratégie commerciale des officines.

Comment rester compétitif en 2025 ?

Pour améliorer leur visibilité et capter une clientèle toujours plus exigeante, les officines devront renforcer leur stratégie digitale et optimiser leur référencement local. La mise en avant de services exclusifs, tels que le conseil personnalisé et les tests en officine, pourra favoriser leur différenciation face à la concurrence du e-commerce.

L’intégration d’une stratégie omnicanale, combinant vente en boutique et solutions en ligne, est essentielle pour toucher un public plus large. Par ailleurs, adapter l’offre aux nouvelles tendances de consommation, notamment en matière de compléments alimentaires et de soins d’hygiène, permettra de fidéliser une clientèle soucieuse de bien-être et de prévention. En investissant dans des formations pour renforcer leur expertise et en exploitant les données clients pour proposer des recommandations ciblées, les pharmacies pourront optimiser leur attractivité et accroître leur rôle de premier recours dans le parcours de soins.