Didier Raoult : condamné !

L'épilogue est tombé pour le Pr Didier Raoult. L'ancien directeur de l’Institut Hospitalo-Universitaire (IHU) de Marseille a été sanctionné par une interdiction d’exercer la médecine pour une durée de deux ans, comme l'a révélé le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM). Cette décision, bien plus sévère que le simple blâme reçu en 2021, survient en raison des manquements graves liés à la promotion de traitements non éprouvés, notamment l’hydroxychloroquine (HCQ), dans le cadre de la pandémie de Covid-19.

Par Thomas Kassab, publié le 08 octobre 2024

Didier Raoult : condamné !

Si cette décision fait écho aux controverses autour du microbiologiste, elle met aussi en lumière l’importance des pharmaciens dans la protection des patients. En tant que professionnels de santé de proximité, les pharmaciens jouent un rôle essentiel de garde-fou, en s’assurant que les traitements prescrits respectent les autorisations de mise sur le marché (AMM) et sont conformes aux données scientifiques validées. Face aux risques de prescriptions hors cadre ou d’auto-médication encouragée par des discours non fondés, les officinaux sont en première ligne pour protéger les patients des conséquences potentielles de traitements mal évalués.

Dans le cas du Pr Raoult, il est reproché à ce dernier de ne pas avoir respecté les principes de prudence et de rigueur en matière de prescription. Malgré des données cliniques insuffisantes et un cadre réglementaire strict, il a continué à promouvoir l’utilisation de l’HCQ, allant jusqu’à conduire un essai thérapeutique sur 30 000 personnes, sans autorisation préalable des autorités sanitaires. Un comportement qualifié de « plus grand essai thérapeutique sauvage » par plusieurs chercheurs, et qui aurait pu avoir des conséquences dramatiques sans la vigilance de la communauté pharmaceutique, constamment en alerte face aux pratiques déviantes.

Ce rappel de l’importance des bonnes pratiques thérapeutiques souligne l’implication cruciale des pharmaciens dans l’application stricte des protocoles validés, et dans leur rôle de vérification des prescriptions. Grâce à leur connaissance approfondie des posologies, interactions et effets indésirables, ils demeurent un rempart indispensable contre toute forme de dérive, qu’elle soit médiatique ou scientifique.

L’interdiction d’exercer du Pr Raoult, qui prendra effet en 2025, bien que symbolique compte tenu de sa retraite, laisse un message clair à la profession médicale : aucune popularité, aussi grande soit-elle, ne doit faire passer outre les principes de sécurité, de rigueur scientifique et de protection du patient. Les pharmaciens, en tant que garants des prescriptions contrôlées et sécurisées, ont plus que jamais un rôle à jouer dans cette mission de vigilance.