L’ANEPF renforce son engagement contre la précarité des étudiants en pharmacie et a besoin de vous !

Face à la précarité grandissante qui touche un étudiant en pharmacie sur trois, l'ANEPF lance un appel à la solidarité. Avec un QR code dédié, chaque pharmacien et professionnel de santé peut désormais participer directement au Fonds de dotation pour aider les étudiants en difficulté. Cette initiative est essentielle pour leur permettre de poursuivre leurs études dans des conditions dignes, alors que les besoins financiers dépassent largement les ressources disponibles.

Par Thomas Kassab, publié le 17 octobre 2024

L’ANEPF renforce son engagement contre la précarité des étudiants en pharmacie et a besoin de vous !

L’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF) fait face à une situation alarmante : la précarité étudiante s’intensifie, touchant un étudiant en pharmacie sur trois. Cet été, plus de 200 étudiants ont demandé une bourse au Fonds de dotation de l’ANEPF, mais seulement un quart des demandes ont pu être satisfaites. Face à cette urgence, l’ANEPF intensifie ses efforts pour mobiliser la profession.

Des chiffres préoccupants

Selon les données de l’ANEPF, la rentrée 2024 en deuxième année de pharmacie coûte en moyenne 3 095 €, et 65 % des étudiants doivent travailler pour financer leurs études, souvent au détriment de leur formation. Pire encore, 30 % d’entre eux renoncent à se soigner par manque de moyens. La précarité alimentaire est aussi un fléau, affectant plus de 20 % des étudiants, qui ne mangent pas toujours à leur faim.

Un fonds de dotation pour lutter contre la précarité

Pour répondre à ces difficultés, l’ANEPF a créé un Fonds de dotation en 2017, avec le soutien du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) et de la Fondation de Médecine. Ce fonds a permis l’attribution de six sessions de bourses au cours des quatre dernières années. Toutefois, la demande excède de loin les ressources disponibles : en octobre 2024, une centaine de nouvelles bourses seront proposées, mais cela reste insuffisant pour couvrir les besoins des 30 000 étudiants en pharmacie de France.

La dernière enquête de l’ANEPF révèle que, chaque mois, un étudiant doit débourser au moins 1 200 € pour son loyer, ses repas et ses abonnements divers, soit un total annuel supérieur à 15 000 €. Les bourses, oscillant entre 100 et 300 €, ne suffisent donc pas à alléger ces charges considérables.

Une mobilisation générale attendue

L’ANEPF appelle aujourd’hui à une mobilisation massive de la profession. « Il est crucial que chaque pharmacien contribue à alimenter le Fonds de dotation », explique Theia Matera, présidente du Conseil d’administration du Fonds. Les dons sont défiscalisables, et la plateforme HelloAsso permet aux professionnels de la santé et aux associations de participer facilement à cet effort de solidarité.

L’objectif est de garantir un meilleur avenir aux étudiants en pharmacie, et ainsi, de contribuer à la pérennité du réseau officinal, confronté à des difficultés croissantes de recrutement.

Comment agir ?

Rendez-vous ici dans l’onglet projet mentorat ou bien scannez le QRcode

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Envie de mieux comprendre les enjeux et l’urgence de la situation ?

Nous avons échangé avec l’ANEPF qui nous éclaire sur l’ampleur du phénomène et les solutions envisagées : 

Combien de bourses sont attribuées par an, et comment fonctionne le processus de sélection ?

Il y a en moyenne deux sessions d’attribution de bourses par an. Lorsqu’un étudiant dépose un dossier, il peut espérer une réponse assez rapidement. Après la clôture des candidatures, le traitement prend environ deux semaines. Nous recevons généralement une centaine de dossiers dans les deux derniers jours. Cette année, par exemple, nous avons déjà reçu une cinquantaine de candidatures, et il reste encore deux semaines et demie avant la fin des inscriptions. Avec les dernières candidatures, nous nous attendons à en recevoir beaucoup plus, car c’est assez courant de voir un pic de candidatures dans les jours précédant la date limite.

Comment assurez-vous la promotion de ce fonds et de ces bourses ?

Au niveau local, nous travaillons avec les associations étudiantes, qu’on appelle des ‘corpos’. Ce sont des associations qui représentent les étudiants. Elles sont au courant de l’existence des bourses et font la promotion. En plus, nous avons le soutien des facultés et des doyens qui relayent l’information, surtout lorsqu’ils repèrent des étudiants en difficulté. Nous faisons de notre mieux pour toucher le maximum de personnes, car certains étudiants sont dans le besoin, mais ne le disent pas par pudeur.

Quels sont vos objectifs en termes d’impact de ces bourses ?

Nous avons des objectifs ambitieux. Actuellement, il y a environ 30 000 étudiants en pharmacie en France. Nous aimerions pouvoir en toucher au moins 10 %, soit 3 000 étudiants, avec une bourse de 500 euros par an. Cela représenterait un budget total de 1,5 million d’euros. Avec 20 000 pharmacies en France, si 10 % d’entre elles, soit 2 000 pharmacies, contribuaient à hauteur de 750 euros chacune, défiscalisés, cela ne reviendrait qu’à 255 euros après déduction fiscale. Ce n’est pas impossible, c’est un objectif ambitieux, mais réalisable.

Vous avez mentionné une collaboration avec des experts pour organiser le fonds. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Nous avons revu tout le système du fonds avec un avocat. Grâce à cette réorganisation, nous avons pu rendre le système beaucoup plus clair et structuré. Avoir une branche spécifique dédiée au fonds de dotation est vraiment pratique, car cela permet de surmonter le problème récurrent des associations étudiantes, comme l’ANEPF, où le turnover complique souvent la continuité des projets.

Comment gérez-vous les demandes de bourses ?

Nous priorisons les situations les plus urgentes. Par exemple, si un étudiant est expulsé de son domicile, sa demande passera en premier. Ensuite, nous évaluons la précarité globale. Nous ne nous basons pas uniquement sur les revenus, dont les revenus parentaux, mais aussi sur les dépenses réelles. Nous demandons des justificatifs précis pour avoir une vue d’ensemble et évaluer les besoins de chaque étudiant de manière juste.

Avez-vous un exemple de situation où l’aide a été bénéfique ?

Oui, il y a par exemple des étudiants qui souhaitent développer leur formation en suivant des diplômes universitaires, comme des DU (diplômes universitaires). Un étudiant a témoigné qu’il voulait faire un DU d’orthopédie et petit appareillage, mais qu’il ne pouvait pas payer les 300 euros nécessaires. L’aide ponctuelle lui a permis de continuer sa formation sans dépendre de ses parents, tout en se concentrant sur son externat.

Qu’en est-il des étudiants qui préparent l’internat ?

Ceux qui préparent l’internat sont souvent obligés d’aller à Paris, ce qui implique des frais supplémentaires comme les trajets et l’hébergement, sans parler du stress. Nous avons reçu des témoignages d’étudiants qui nous disent qu’ils doivent travailler pour financer ces frais, mais qu’il est impossible de réviser correctement en même temps. Le coût total pour le concours de l’internat, en tenant compte de tout, est de 731,16€. Nous aimerions mettre en place une aide spécifique pour ces étudiants, afin qu’ils puissent se préparer au concours sereinement, sans la pression financière.

Quels sont les types d’aides que vous proposez aux étudiants en grande précarité ?

Nous avons une personne au sein de l’ANEPF, qui fait partie du fonds de dotation, dédiée à la lutte contre les inégalités. Elle travaille en lien avec les assistantes sociales du CROUS et connaît toutes les aides disponibles pour les étudiants. Elle collabore aussi avec le réseau FAGE et d’autres fédérations, qui sont en contact avec les acteurs locaux pour les questions de logement, d’alimentation et d’autres situations de précarité. Ces aides sont ponctuelles et souvent liées à des périodes spécifiques, comme les aides d’été ou de rentrée.

Quelles sont les prochaines étapes pour ce fonds de dotation ?

Nous souhaitons continuer à élargir notre action en augmentant le nombre de bourses proposées. Nous voulons aussi nous adapter aux différents besoins des étudiants, que ce soit pour les urgences, les frais liés à des diplômes ou encore la préparation de concours comme l’internat. Notre ambition est de rendre ces aides accessibles au plus grand nombre, en sollicitant plus de pharmacies pour qu’elles nous soutiennent dans ce projet.