Overseed : la biotech Made In France qui révolutionne le cannabis médical
La France s'apprête à franchir une étape décisive dans le domaine de la santé publique avec l'autorisation prochaine du cannabis médical en janvier 2025. Au cœur de cette révolution se trouve Overseed, une biotech spécialisée dans la recherche agronomique et le développement de médicaments à base de cannabis. Récemment, Overseed a annoncé une levée de fonds de 6,7 millions d'euros, un financement d'envergure pour devenir le premier fabricant de médicaments 100 % français issus du cannabis médical. Nous avons rencontré Hugues Péribère, fondateur et CEO d'Overseed, pour discuter de cette levée de fonds, des défis rencontrés et des perspectives futures de cette jeune entreprise innovante.
La biotech Overseed, pionnière du cannabis médical en France, annonce une levée de fonds de 6,7 millions d’euros. Hugues Péribère, son fondateur, partage ses ambitions pour cette nouvelle filière pharmaceutique prometteuse :
Hugues Péribère, comment vous êtes entré dans le domaine du cannabis médical ?
Hugues Péribère : Je suis ingénieur agronome et j’ai toujours travaillé avec des dirigeants d’entreprise dans la culture de plantes spécialisées, principalement à dimension européenne sur des plantes ornementales. Ensuite, j’ai travaillé dans l’industrie agroalimentaire pendant onze ans, en me concentrant sur des filières d’approvisionnement de végétaux très spécialisés. Ce travail m’a permis de comprendre les organisations ouvrières et les questions géopolitiques et climatiques associées à la production.
En 2020, alors que je cherchais un nouveau projet professionnel, j’ai découvert les bienfaits du cannabis médical pour traiter certaines douleurs. Cette transition m’a passionné par sa complexité, d’abord pour comprendre ce qu’était le cannabis médical et faire la distinction entre ses utilisations récréatives, de bien-être et médicales. Une fois le sujet éclairci, j’ai été convaincu qu’il était absolument nécessaire de développer en France un projet qui rendrait le cannabis médical accessible aux patients.
Qu’est-ce qui vous a convaincu de développer un projet de cannabis médical en France ?
Hugues Péribère : La France est leader mondial dans plusieurs domaines liés à la chaîne de valeur du cannabis médical, comme la génétique, la culture, la chimie analytique, l’extraction des substances naturelles et l’industrie pharmaceutique. De plus, l’innovation dans ce domaine est encore devant nous, ce qui rend le projet très prometteur. Il m’a semblé évident de développer un projet de cannabis médical en France pour permettre aux patients d’accéder à ces traitements innovants.
Depuis la création d’Overseed en 2021, nous avons ouvert la voie en obtenant la première autorisation française de R&D sur la plante Cannabis sativa L. Nous avons constitué un réseau de partenaires sous-traitants experts dans leurs domaines, tels que Stanipharm pour l’extraction et la formulation des principes actifs, et le groupe Pharm&Beauty pour la réalisation des produits finis pharmaceutiques qui seront délivrés aux patients. Ces collaborations nous permettent de garantir la sécurité sanitaire de produits “Best in Class”.
Comment avez-vous obtenu les premières autorisations françaises pour cultiver des plantes comme le cannabis sativa ? Quels ont été les principaux défis ?
Hugues Péribère : Le principal défi était de comprendre comment monter un projet de cette envergure en France, un pays où le cannabis était encore considéré comme un stupéfiant intouchable. J’ai dû demander une autorisation spécifique pour mener à bien ce projet, ce qui m’a permis de me conformer aux contraintes légales tout en répondant à des exigences précises.
Ensuite, j’ai passé beaucoup de temps à structurer et à soumettre un dossier scientifique complet aux autorités compétentes. Ce processus a été long et complexe, nécessitant de nombreuses interactions et des études approfondies. Finalement, j’ai été le premier à obtenir cette autorisation en France, ce qui nous a permis de dérouler notre programme de manière efficace.
Nous avons également conclu une collaboration tripartite avec le CNRS/CBM (Centre de Biologie Moléculaire) et le CHU d’Orléans pour des travaux précliniques et cliniques déjà en cours, permettant d’étudier l’élargissement des indications à d’autres pathologies et d’en démontrer l’efficacité.
Récemment se sont tenues les assises du cannabis médical. Pouvez-vous nous en parler ?
Hugues Péribère : Nous avons organisé les premières assises du cannabis médical au ministère de la Santé à la fin de 2021, et les deuxièmes assises ont eu lieu au Sénat avec la sénatrice Anne Souyris. Elle a été très réceptive et nous a soutenus dans ce projet. Bien que cela n’ait pas été toujours simple, ces réunions ont été intéressantes et ont permis de faire avancer la cause du cannabis médical en France.
Quels types de médicaments prévoyez-vous produire et sous quelle forme ?
Hugues Péribère : Nous travaillons sur trois formes orales pour répondre aux besoins médicaux : une huile dominante en CBD, une huile dominante en THC, et une huile équilibrée CBD/THC à un ratio de 1:1. Ces huiles permettent de traiter diverses pathologies liées au cannabis médical, telles que les douleurs neuropathiques réfractaires, les effets secondaires de la chimiothérapie (nausées, perte d’appétit, anxiété, troubles du sommeil), la sclérose en plaques, les soins palliatifs et l’épilepsie réfractaire. Nous réfléchissons également à des solutions d’inhalation à assimilation rapide pour l’avenir.
Overseed se concentre actuellement sur une gamme de trois produits de forme orale qui seront mis sur le marché en collaboration avec un laboratoire pharmaceutique exploitant français de renom, capable de distribuer en France et potentiellement en Europe.
Comment garantissez-vous la sécurité en termes de production, notamment pour les champs de production ?
Hugues Péribère : Le cannabis médical est cultivé dans des environnements très contrôlés, similaires à des laboratoires, pour garantir une qualité pharmaceutique. Nous maintenons des profils phytochimiques stricts, évitons les contaminations croisées et utilisons des méthodes de lutte biologique. La production suit des normes précises, assurant une qualité optimale des principes actifs après la récolte. Tous nos procédés respectent les bonnes pratiques agricoles et de fabrication pharmaceutique, garantissant ainsi des produits sûrs pour les patients.
Vous avez récemment annoncé une levée de fonds de 6,7 millions d’euros. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette opération et ses objectifs ?
Hugues Péribère : En juillet 2024, nous avons bouclé une levée de fonds de 6,7 millions d’euros, menée par Blast.Club et UI Investissement. Ce financement est destiné à nous permettre de devenir le premier fabricant de médicaments 100 % français issus du cannabis médical. Avec cette levée de fonds, nous sommes en pole position pour l’accès au marché et nous serons prêts à offrir une production de haute qualité et de grands volumes dès le jour 1 de la commercialisation prévue pour janvier 2025.
Quels sont les défis et les perspectives pour l’avenir d’Overseed ?
Hugues Péribère : Le principal défi est d’obtenir rapidement les évaluations des autorités pour nos dossiers réglementaires, ce qui nous permettra de lancer les prescriptions. Le dialogue avec les médecins et les officines sera crucial pour garantir l’accessibilité des médicaments aux patients. Nous espérons que l’ouverture du marché se fera rapidement, avec le soutien des autorités et des professionnels de la santé.
Nous avons également conclu des collaborations avec des institutions comme le CNRS et le CHU d’Orléans pour des travaux précliniques et cliniques, ce qui nous permettra d’élargir les indications de nos traitements à d’autres pathologies.
Quelle est l’importance de cette nouvelle filière française du cannabis médical pour les patients ?
Hugues Péribère : La France compte environ 800 000 personnes souffrant de pathologies qui pourraient bénéficier du cannabis médical, telles que les douleurs neuropathiques réfractaires, l’épilepsie réfractaire, les effets secondaires de la chimiothérapie, la sclérose en plaques et les soins palliatifs. La Direction Générale de la Santé estime que 40 % de ces patients, soit 350 000 personnes, seront traités par le cannabis médical. En fabriquant en France, nous garantirons une meilleure information produit auprès des prescripteurs, faciliterons l’accès aux patients, réduirons le risque de rupture du médicament et favoriserons l’émergence d’une industrie nationale.