Rupture de médicaments et baisse de prix : ils persiste et signent !

En une manoeuvre qui suscite autant de stupeur que de consternation, le Comité Économique des Produits de Santé (CEPS) a, dans un avis fraîchement émis et publié au Journal officiel, décidé de réduire le Prix de Vente Hors Taxe (PFHT) pour plus d'une centaine de présentations d’amoxicilline ou d’amoxicilline/acide clavulanique. Cette décision, loin d'être anodine, soulève un tollé général au sein de la communauté pharmaceutique, et pour cause.

Par Thomas Kassab, publié le 10 avril 2024

Rupture de médicaments et baisse de prix : ils persiste et signent !

Comment, dans un élan de politique économique qui se veut aussi audacieux qu’ambitieux, le gouvernement peut-il cautionner une telle démarche, sapant ainsi les fondements même de l’approvisionnement pharmaceutique? La question est sur toutes les lèvres. En effet, alors que le paysage industriel français se targue d’un réarmement stratégique, cette décision semble aller à rebours des ambitions proclamées.

Double jeu gouvernemental.

Le gouvernement, par cette action, semble jouer un double jeu périlleux. D’un côté, il prône le développement et la solidification de l’industrie nationale ; de l’autre, il impose des contraintes économiques qui, loin de favoriser l’essor de cette industrie, risquent de la mettre à genoux. La Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France (FSPF) ne mâche pas ses mots face à ce qu’elle qualifie de « message extrêmement négatif » adressé aux acteurs industriels. Et pour cause : la baisse des prix, dans un contexte de concurrence globale acharnée, n’incite guère les laboratoires à privilégier le marché français.

Crises d’approvisionnement et conséquences économiques.

Pire encore, cette politique de compression des coûts semble ignorer avec une certaine désinvolture les crises de rupture d’approvisionnement qui secouent le pays depuis des mois. Pharmaciens et patients se retrouvent ainsi pris en étau entre des besoins médicaux criants et une offre qui se fait de plus en plus chiche. En effet, dans un calcul économique froid, les laboratoires pharmaceutiques, face à une rentabilité amoindrie sur le territoire national, pourraient être tentés de détourner leurs stocks vers des marchés plus rémunérateurs. Cette tendance, déjà perceptible, ne ferait que s’accentuer sous la pression de telles politiques.

Vision à long terme et santé publique.

Le gouvernement, dans sa quête de maîtrise des dépenses de santé, semble donc négliger un aspect crucial de la santé publique : l’accès aux médicaments essentiels. En persistant dans cette voie, non seulement il risque d’aggraver les pénuries déjà existantes, mais également de saper les fondements d’une industrie pharmaceutique nationale pourtant essentielle à la souveraineté sanitaire du pays.

Un appel à la raison.

À l’heure où la nécessité d’un réarmement industriel se fait de plus en plus pressante, il apparaît impératif de reconsidérer les politiques de santé publique sous l’angle d’une vision à long terme, où l’équilibre économique ne saurait se faire au détriment de l’accès aux soins. Le gouvernement, face à cette impasse, se doit de trouver une voie médiane qui concilie impératifs économiques et nécessités sanitaires. Car en fin de compte, la santé des citoyens n’est-elle pas la plus précieuse des richesses?