Vaccination antigrippale obligatoire des soignants : l’éternel débat relancé
La question de l’obligation vaccinale antigrippale pour les soignants refait surface. Annoncé par le ministre de la Santé, Yannick Neuder, comme un élément à débattre, ce sujet divise et soulève des interrogations sur les enjeux de santé publique, la liberté individuelle et les conséquences éthiques.
Un contexte récurrent
Avec la phrase signature « Professionnels, en vous vaccinant, vous me protégez aussi », la campagne 2024-2025 invite les soignants à réfléchir à leur rôle dans la protection des plus vulnérables.
La couverture vaccinale contre la grippe des professionnels qui exercent en milieu hospitalier est suivie par la Haute Autorité de Santé (HAS) dans le cadre des indicateurs de qualité et de sécurité des soins. Pour la saison 2022-2023, celle-ci a été estimée à une médiane de 19 % (2 138 établissements inclus) (Santé publique France). Un chiffre qui semble rester stable en 2024 (HAS).
Ce taux est bien en deçà des 75 % recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’ensemble de la population.
Une question qui divise les acteurs de la santé
La question divise : faut-il imposer la vaccination antigrippale aux soignants, ou bien privilégier une sensibilisation renforcée ? Lors d’une visite à l’hôpital Cochin, Yannick Neuder a déclaré que « la contrainte se posera ». Il rappelle également l’importance des gestes barrières et de la sensibilisation pour augmenter la participation à la campagne vaccinale. Gilles Pialoux, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Tenon, a quant à lui qualifié la couverture vaccinale actuelle de « totalement insuffisante ».
De même, comment encourager la population générale à faire confiance aux vaccins si les soignants eux-mêmes semblent réticents ?
Cependant, des voix discordantes se font entendre. À Marseille, Audrey Joliboy, secrétaire générale du syndicat Force Ouvrière à l’AP-HM, s’est opposée à cette idée. Elle évoque le traumatisme laissé par cette mesure lors de la crise de la COVID-19. « Les personnels sont à bout, leur imposer une obligation vaccinale, c’est se foutre des personnels qui travaillent à l’hôpital public », a-t-elle déclaré.
L’exemple de la COVID-19
L’expérience a déjà été faite durant l’épidémie de la COVID-19. La contrainte, introduite en 2021, est fréquemment citée comme un précédent qui permettrait d’anticiper les réactions des soignants face à une obligation similaire. Cette mesure a aidé à augmenter rapidement le taux de vaccination. Mais, elle a aussi été accompagnée de fraudes et de démissions. On peut s’attendre à une réponse similaire dans le cadre de la grippe.
Alors que les pharmacies sont devenues des lieux de vaccination reconnus, peut-être peuvent-elles contribuer à améliorer la couverture vaccinale sans recourir à une obligation ?
Et vous, êtes-vous vaccinés contre la grippe ? Quelle est votre position sur le sujet ?