Pourquoi relocaliser la production de paracétamol en France est-elle si importante ?
Le paracétamol, un antalgique incontournable, est bien sous des marques telles que Doliprane, Efferalgan et Dafalgan. Ce médicament est l'un des antidouleurs les plus utilisés en France. Cependant, la crise du Covid-19 a révélé les vulnérabilités de la chaîne d'approvisionnement mondiale, poussant la France à repenser la localisation de la production de médicaments essentiels. La relocalisation de la production de paracétamol en France est devenue une priorité nationale pour plusieurs raisons. Explications.
Une question de souveraineté nationale
Depuis la pandémie, la production de paracétamol est devenue une question de souveraineté nationale. En 2025, la France prévoit de rapatrier la production du principe actif du paracétamol. Cette initiative vise à garantir une autonomie stratégique pour ce médicament essentiel, réduisant ainsi la dépendance aux importations, notamment en provenance d’Inde, qui est un fournisseur majeur.
Défis logistiques de la relocalisation
L’usine UPSA à Agen joue un rôle clé dans ce projet de relocalisation. Ce site est un véritable hub logistique où les matières premières et les articles de conditionnement sont stockés dans un entrepôt gigantesque de 16 500 palettes sur 10 mètres de hauteur. La gestion efficace de cet entrepôt est cruciale pour maintenir un approvisionnement constant des pharmacies en paracétamol. Ce défi logistique est immense mais nécessaire pour assurer la continuité de l’approvisionnement en médicaments sur le territoire français.
L’impact économique du paracétamol en France
En 2023, le paracétamol représentait environ 1,1 milliard d’euros de chiffre d’affaires en France. Deux acteurs principaux, Sanofi et UPSA, dominent ce marché avec respectivement 71% et 22% des parts. La dépendance aux importations, notamment d’Inde, souligne l’importance de la relocalisation pour la stabilité économique et sanitaire du pays. Réduire cette dépendance renforce la résilience de la chaîne d’approvisionnement pharmaceutique française.
Une stratégie de souveraineté sanitaire
La relocalisation de la production de paracétamol s’inscrit dans une stratégie plus large de souveraineté sanitaire. Le projet en cours à Roussillon (Isère), mené par Seqens, prévoit de produire 15 000 tonnes de paracétamol par an d’ici 2026. Ce projet, soutenu par des aides étatiques significatives, vise à réduire les émissions de CO2 de 75% tout en maintenant des coûts compétitifs.
Défis financiers et industriels
Le coût de la relocalisation est élevé, avec des investissements atteignant 120 millions d’euros pour l’usine de Seqens. Malgré ces coûts, les laboratoires comme UPSA et Sanofi sont engagés à s’approvisionner localement pour assurer la viabilité économique du projet. La durabilité financière à long terme dépendra de la capacité des acteurs à équilibrer les coûts de production et les prix de vente.
Importance de la collaboration entre les acteurs de la filière
La réussite de la relocalisation du paracétamol dépend de la collaboration entre les laboratoires, l’État et les entreprises de production. Des partenariats, comme celui entre UPSA et Ipsophène à Toulouse, sont essentiels pour atteindre les objectifs de production et garantir la pérennité de la filière. L’implication de l’Europe dans le soutien à cette initiative sera également déterminante.
Développements futurs
D’ici 2025, plusieurs projets devraient commencer à produire du paracétamol en France. Seqens et Ipsophène prévoient d’atteindre une capacité de production significative, contribuant à réduire la dépendance aux importations et à renforcer la souveraineté sanitaire française. Cependant, le soutien continu de l’État et de l’Union européenne sera crucial pour surmonter les défis économiques et industriels.