« J'ai mal à la tête ! » : guide pratique
Les céphalées comptent parmi les plaintes les plus fréquentes au comptoir, allant de la simple céphalée de tension à la migraine invalidante, voire à des formes urgentes. Pour y voir plus clair, cet article propose un tour d'horizon des différents types de céphalées, détaille les options thérapeutiques et met en lumière les signaux d'alerte. L'objectif : affiner le conseil et orienter rapidement le patient vers une prise en charge médicale lorsque nécessaire.

Étiologie des céphalées
Céphalées primaires
- Céphalée de tension : la plus fréquente, associée au stress, à la fatigue, à une mauvaise posture. Douleur habituellement bilatérale, d’intensité légère à modérée, en « étau ».
- Migraine : crises récurrentes, souvent unilatérales, pulsatives. Souvent associées à des nausées, vomissements, photophobie ou phonophobie. Possibilité de migraine avec aura (troubles visuels, sensoriels).
- Algie vasculaire de la face : crises très douloureuses, brèves (15 à 180 minutes), autour de l’œil. Fréquemment associées à larmoiement, congestion nasale ipsilatérale.
Céphalées secondaires
Provoquées par une pathologie sous-jacente (sinusite, hypertension, infection…).
Les questions clés à poser
Ces questions permettent de repérer une possible céphalée secondaire et d’identifier d’éventuels facteurs d’aggravation ou de chronicité :
- « Depuis quand souffrez-vous ? » : aigu, chronique, récidivant…
- « Pouvez-vous décrire votre douleur ? » : pulsatile, en étau, localisée, intensité…
- « Avez-vous d’autres symptômes ? » : nausées, fièvre, raideur de nuque, visuels…
- « Avez-vous des facteurs déclenchants ? » : stress, manque de sommeil, …
- « Quels traitements prenez-vous ? »
- « Avez-vous déjà consulté pour ce problème ? »
Arsenal thérapeutique sans ordonnance
Paracétamol
Le paracétamol est un antalgique et antipyrétique central. Il agit principalement en inhibant la synthèse des prostaglandines au niveau du système nerveux central, grâce à une action sur l’enzyme COX cérébrale. Contrairement aux AINS, son action anti-inflammatoire est très limitée en périphérie, car il n’inhibe pas de manière significative la COX périphérique.
- Effet analgésique : en réduisant la production de médiateurs de la douleur dans le SNC.
- Effet antipyrétique : il agit sur l’hypothalamus pour abaisser la fièvre.
Posologie adulte
500 mg à 1 g par prise, jusqu’à 3 g par 24 heures. Il est recommandé de respecter un intervalle d’au moins 4 à 6 heures entre deux prises pour éviter le risque de surdosage.
Précautions
Le paracétamol est métabolisé par le foie en un métabolite potentiellement toxique (NAPQI), normalement détoxifié par le glutathion. En cas de surdosage, ce mécanisme de détoxification est saturé, conduisant à un risque de nécrose hépatique.
Ibuprofène
L’ibuprofène est un AINS agissant par inhibition non sélective des COX-1 et COX-2. Il réduit ainsi la production de prostaglandines responsables de la douleur, de la fièvre et de l’inflammation.
- Effet antalgique : soulage les douleurs légères à modérées
- Effet antipyrétique
- Effet anti-inflammatoire : à doses plus élevées (généralement supérieures à 1 200 mg/24 heures), il exerce une action anti-inflammatoire notable.
Posologie adulte
200 à 400 mg par prise, jusqu’à 1 200 mg par 24 heures en automédication. La prise doit être espacée de 4 à 6 heures et il est conseillé de prendre l’ibuprofène au cours d’un repas pour limiter le risque de troubles digestifs. En prescription médicale, la dose peut être augmentée jusqu’à 2 400 mg/24 heures selon l’indication et le profil du patient.
Précautions
- Risque gastrique : l’ibuprofène peut causer des gastralgies et des ulcères. Il est déconseillé chez les patients ayant des antécédents d’ulcères peptiques.
- Risques cardiovasculaires : à forte dose ou usage prolongé, certains AINS peuvent augmenter le risque d’événements cardiovasculaires.
- Insuffisance rénale : les prostaglandines jouent un rôle dans le maintien de la perfusion rénale. Les AINS peuvent diminuer le débit de filtration glomérulaire. Prudence en cas d’insuffisance rénale, de déshydratation, ou chez les personnes âgées.
- Allergies : contre-indiqué en cas d’antécédents d’asthme ou de réactions allergiques (œdème de Quincke, urticaire) aux AINS.
- Femme enceinte : contre-indiqué à partir du 6ᵉ mois de grossesse (risque de fermeture prématurée du canal artériel chez le fœtus).
Ibuprofène lysinate
L’ibuprofène lysinate est une forme salifiée de l’ibuprofène. Grâce à l’ajout de lysine, la molécule est plus soluble, favorisant ainsi une absorption digestive plus rapide que la forme acide classique, à l’image de Nurofen Flash®.
Les nouvelles médications d’intérêt
Iprafeine® (ibuprofène 200 mg + caféine 100 mg)
L’ibuprofène soulage la douleur et combat l’inflammation. La caféine potentialise l’effet antalgique et peut aider en cas de fatigue liée à la céphalée. Précautions : attention à l’apport global en caféine et risque gastrique lié aux AINS.
Prontadol® et Dalfeine®
Composition par comprimé : 500 mg de paracétamol + 50 mg de caféine pour Prontadol® et 65 mg de caféine pour Dalfeine®. L’association paracétamol-caféine renforce l’action antalgique du paracétamol et accélère l’apparition de l’effet. Précautions : respecter la dose maximale de paracétamol journalière.
Et la codéine ?
La codéine n’est pas recommandée pour la prise en charge des migraines. Elle peut favoriser l’apparition de céphalées de rebond et induire une dépendance, tout en exposant à des effets indésirables tels que la somnolence ou la constipation. De ce fait, les spécialités comme Prontalgine® ne font pas partie des traitements de référence de la migraine et ne sont pas remboursés.
Conseils associés et orientation médicale
Hygiène de vie
- Sommeil : privilégier des horaires réguliers, une bonne qualité de repos.
- Hydratation : boire suffisamment d’eau, surtout si usage de caféine.
- Facteurs déclenchants : identifier et essayer d’éviter (stress, certaines boissons ou aliments, surmenage visuel…).
Signaux d’alerte
- Apparition soudaine et violente de la douleur (« coup de tonnerre »).
- Fièvre élevée, raideur de la nuque, confusion, vomissements en jet.
- Céphalées récurrentes, d’intensité croissante, ou ne répondant plus aux traitements habituels.
Quand orienter vers le médecin ?
- Suspicion d’une céphalée secondaire ou d’une pathologie associée (sinusite, hypertension, méningite…).
- Migraine sévère, chronique, ou mal contrôlée par l’automédication.