Le reflux gastro-œsophagien : comprendre et agir
Le RGO affecte environ 31 % des adultes en France, entraînant des symptômes perturbateurs et parfois sévères qui peuvent impacter considérablement la qualité de vie. Ce guide pratique offre une compréhension approfondie du RGO, explore ses mécanismes sous-jacents, présente des options thérapeutiques avancées et fournit des conseils pratiques pour une prise en charge efficace en officine.
Étiologie et physiopathologie
Le reflux gastro-œsophagien (RGO) se manifeste par une remontée anormale du contenu gastrique dans l’œsophage, un phénomène souvent attribué à une dysfonction du sphincter œsophagien inférieur (SOI). Cette dysfonction peut être due à un relâchement transitoire du sphincter, qui ne se ferme pas suffisamment ou s’ouvre inopinément, permettant ainsi aux acides gastriques de remonter vers l’œsophage. Les facteurs exacerbant cette pathologie incluent les habitudes alimentaires, comme la consommation de mets épicés, acides ou gras, de boissons caféinées ou alcoolisées, ainsi que le tabagisme. Par ailleurs, certains états physiologiques tels que l’obésité, qui augmente la pression intra-abdominale, et la grossesse, durant laquelle les hormones telles que la progestérone relaxent le SOI, peuvent également favoriser le RGO. Lorsque le contenu acide de l’estomac remonte dans l’œsophage, il en résulte une irritation de la muqueuse œsophagienne, entraînant une inflammation appelée œsophagite. Cette irritation peut provoquer une sensation de brûlure intense dans la poitrine, le pyrosis, souvent décrite comme une « brûlure d’estomac ». Si ce reflux acide est fréquent et persistant, il peut endommager l’œsophage et conduire à des complications plus graves, telles que des ulcérations, des structures œsophagiennes, ou même un Barrett, un état précancéreux où les cellules de la muqueuse œsophagienne se transforment.
Quelles conséquences ?
Le RGO est une affection qui dépasse largement le cadre de l’inconfort quotidien. En effet, il peut entraîner des complications sévères telles que l’œsophagite érosive, où les acides, en remontant dans l’oesophage, causent une inflammation et des lésions érosives. Cette inflammation prolongée peut conduire à une sténose œsophagienne, un rétrécissement de l’œsophage qui perturbe le passage des aliments et peut nécessiter une intervention chirurgicale pour être corrigée. Plus rarement, le RGO peut évoluer vers un adénocarcinome œsophagien, un type de cancer de l’œsophage, en particulier dans le contexte d’un œsophage de Barrett, une complication où le tissu normal de l’œsophage est remplacé par un tissu anormal sous l’effet de l’acidité chronique.
Quel diagnostic ?
Le diagnostic du RGO peut être compliqué par la présence de symptômes atypiques qui ne sont pas immédiatement reconnus comme étant liés à l’acidité. Par exemple, des symptômes respiratoires tels que l’asthme ou une toux chronique peuvent en réalité être provoqués par l’inhalation de petites quantités d’acide dans les voies respiratoires. De même, le reflux nocturne peut perturber le sommeil, conduisant à des troubles du sommeil sans que les patients ne fassent nécessairement le lien avec une cause gastro-intestinale. Ces manifestations atypiques exigent une approche diagnostique attentive et un suivi régulier pour prévenir les complications et assurer une prise en charge thérapeutique adéquate.
La place des IPP
Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) représentent la première ligne de traitement pour le RGO. Ces médicaments fonctionnent en bloquant l’activité de la pompe à protons, une composante des cellules pariétales de l’estomac qui est cruciale pour la sécrétion d’acide. En inhibant cette enzyme, les IPP réduisent significativement l’acidité gastrique, ce qui permet non seulement de soulager les symptômes du RGO mais également de favoriser la guérison des lésions inflammatoires de l’œsophage.
Diversité des IPP
- Omeprazole : l’un des premiers IPP développés, il commence généralement à réduire l’acidité gastrique dans l’heure suivant l’ingestion, avec un effet maximal atteint après une à deux heures. L’omeprazole est souvent utilisé pour des traitements de courte durée ou intermittents.
- Esomeprazole : un dérivé de l’omeprazole, l’esomeprazole offre une bio-disponibilité accrue, ce qui peut conduire à une inhibition plus constante de l’acide gastrique. Cela peut être particulièrement utile chez les patients pour lesquels une suppression plus complète de l’acide est nécessaire.
- Pantoprazole : souvent utilisé pour le traitement des symptômes du RGO chez les patients nécessitant une maintenance prolongée, le pantoprazole est connu pour sa longue durée d’action, ce qui peut aider à contrôler l’acidité gastrique tout au long de la journée.
- Lansoprazole : cette molécule est similaire à l’omeprazole dans son mécanisme d’action, mais peut avoir un début d’action légèrement plus rapide, ce qui le rend utile pour les patients recherchant un soulagement rapide des symptômes.
- Rabeprazole : cette molécule offre une suppression rapide et efficace de l’acidité gastrique, similaire à ceux de l’omeprazole et du lansoprazole, mais peut être mieux tolérée par certains patients.
IPP et délais d’action
L’efficacité maximale des IPP est atteinte après plusieurs jours de traitement, car leur action inhibitrice est cumulative et dépend de l’inactivation progressive des pompes à protons existantes. Bien que l’absorption des IPP soit rapide, avec une biodisponibilité qui survient généralement dans l’heure suivant l’ingestion, leur impact clinique sur la réduction de l’acidité gastrique devient notable environ 72 heures après le début du traitement.
En plus des IPP ?
Pour réduire les RGO, il est également possible de conseiller les spécialités suivantes :
- Esoxx One© : ce dispositif médical à base d’acide hyaluronique, de sulfate de chondroïtine et de Poloxamer 407 est spécifiquement conçu pour traiter les symptômes du RGO. Il forme une barrière protectrice sur la muqueuse de l’œsophage, réduisant ainsi les sensations de brûlure et de douleur causées par le reflux acide.
- Ganatura© : bien que non spécifique au RGO, cette spécialité, riche en fibres naturelles, peut aider à améliorer la digestion et à réguler le transit intestinal.
Quels conseils en plus ?
- Gestion du poids : encourager la perte de poids pour les patients en surpoids ou obèses afin de diminuer la pression sur l’abdomen, réduisant ainsi les risques de reflux.
- Surélever la tête du lit : utiliser des cales sous le matelas ou des oreillers supplémentaires pour surélever la tête pendant le sommeil, ce qui peut aider à empêcher l’acide gastrique de remonter pendant la nuit.
- Éviter de se pencher ou de s’allonger après les repas : conseiller aux patients de rester en position verticale pendant au moins une heure après avoir mangé pour favoriser une meilleure digestion et limiter le reflux.