L'incontinence à l'officine : entre discrétion et conseil
L'incontinence urinaire (IU) est une pathologie fréquente, touchant des millions de personnes dans le monde, dont environ 423 millions selon l'Association Internationale de l'Incontinence. En France, elle affecte environ 13 % des femmes et 5 % des hommes de plus de 40 ans. Les pharmaciens jouent un rôle clé en offrant écoute, discrétion et conseils adaptés.
Physiopathologie
La continence urinaire est la capacité à retenir les urines, dépendant de l’équilibre entre les pressions urétrale et vésicale. Une pression urétrale supérieure à la pression intra-vésicale empêche l’écoulement d’urine. Elle repose sur un système neuromusculaire complexe, incluant les sphincters et le détrusor. La continence peut être passive (tension des sphincters) ou active (contraction volontaire du sphincter strié). La miction, impliquant la contraction du détrusor et la relaxation des sphincters, est régulée par le système nerveux autonome, alternant entre phases de remplissage et de vidange.
Les types d’incontinence
L’incontinence urinaire peut se manifester de plusieurs façons, chacune ayant ses propres causes et mécanismes :
- Incontinence urinaire d’effort (IUE) : la plus fréquente chez les femmes, elle survient lors d’efforts physiques ou d’augmentations de la pression abdominale. Les fuites d’urine sont dues à une faiblesse des muscles du plancher pelvien ou du sphincter urétral.
- Incontinence urinaire par urgenturie (IUU) : également appelée instabilité vésicale, elle est causée par une hyperactivité du détrusor, entraînant des contractions involontaires de la vessie et un besoin urgent d’uriner. Cette forme d’incontinence affecte particulièrement les femmes âgées et peut être due à des lésions neurologiques, des infections, ou être idiopathique.
- Incontinence mixte : combinaison des symptômes de l’IUE et de l’IUU. Représentant environ 25 % des cas, elle est plus fréquente après 40 ans et prédominante après 60 ans. Le traitement doit cibler la symptomatologie dominante.
- Incontinence par regorgement : résultat d’une rétention urinaire chronique, elle se manifeste par une évacuation du trop-plein vésical. Les causes incluent les obstacles urétraux, la diminution des fibres élastiques du détrusor avec l’âge, et les dysfonctionnements neurologiques.
- Incontinence fonctionnelle : affecte les personnes à mobilité réduite, incapables d’atteindre les toilettes à temps en raison de problèmes physiques ou cognitifs. La fonction vésicale n’est pas directement impliquée.
Quelles sont les causes ?
L’IU peut être causée par divers facteurs incluant les grossesses et les accouchements, le vieillissement, les antécédents de chirurgie pelvienne. Les médicaments jouent un rôle significatif dans l’IU, en perturbant le contrôle nerveux du système vésico-sphinctérien. Parmi les principaux médicaments impliqués figurent les diurétiques, les anticholinergiques, les psychotropes, les analgésiques morphiniques, les α-bloquants, les α-sympathicomimétiques, les β-sympathicomimétiques et IC et les IEC via la toux qu’ils peuvent induire.
Quels traitements possibles ?
La prise en charge médicamenteuse intervient après l’échec des mesures hygiéno-diététiques et de la rééducation comportementale. Elle est principalement utilisée pour l’IUU et non pour l’IUE seule. Les anticholinergiques sont le traitement de première ligne pour l’IUU et l’hyperactivité vésicale, agissant en réduisant les contractions du détrusor et en augmentant la capacité vésicale. Les principaux anticholinergiques incluent l’oxybutynine, la solifénacine, la fésotérodine, le chlorure de trospium et la toltérodine. Le mirabégron (Betmiga®), un agoniste bêta-3 adrénergique, est une alternative pour les patients ne tolérant pas les anticholinergiques. Les œstrogènes locaux peuvent également être utilisés chez les femmes ménopausées présentant une atrophie vaginale.
Comment aborder le sujet ?
Pour aborder l’incontinence avec un patient, il faut créer un environnement de confiance. Utilisez un langage simple et rassurant et évitez les termes stigmatisants comme « couches » et privilégier des phrases comme « Depuis quand ces petits soucis surviennent-ils ? ». Il est important de rappeler au patient qu’il n’est pas seul et que des solutions existent. Fournir des brochures informatives et proposer un entretien confidentiel peut aider à discuter du problème plus librement et à offrir des solutions adaptées.
Comment conseiller ?
Pour bien conseiller une protection absorbante, il faut créer un climat de confiance et de discrétion. On doit rassurer le patient en utilisant des phrases clés comme « C’est une situation courante, et beaucoup de gens en souffrent. Vous n’êtes pas seul(e) ». L’utilisation d’un langage simple et rassurant est essentielle, en expliquant par exemple : « Nous avons des protections adaptées à vos besoins quotidiens » ou en demandant si le patient souhaite essayer des échantillons pour déterminer ce qui lui convient le mieux. Lors de l’évaluation des besoins, il est important de poser des questions sur les habitudes de vie, comme « Êtes-vous généralement actif (ve) pendant la journée ? ». La discrétion doit toujours être maintenue en plaçant les échantillons dans un sachet. En outre, il est utile d’enregistrer les préférences du patient pour un suivi personnalisé.
Que conseiller ?
- Protections anatomiques légères féminines : Tena Lady®, Always Discreet®. Adaptées aux pertes légères, idéales pour les femmes actives avec des fuites occasionnelles.
- Grandes protections anatomiques : Hartmann Molicare®ø. Pour les incontinences modérées à sévères, adaptées aux patients ayant des fuites plus abondantes, nécessitant une plus grande capacité d’absorption.
- Sous-vêtements absorbants (pants) : Tena Pants®, Depend Fit-Flex®. Idéaux pour les personnes mobiles, offrant une grande liberté de mouvement tout en assurant une absorption fiable pour les fuites modérées à sévères.
- Changes complets : Abena Abri-Form®, Tena Slip®. Pour les incontinences lourdes et les personnes alitées, offrant une protection maximale et un confort optimal pour les patients ayant une mobilité réduite.
- Protections droites : Tena Pad®, Hartmann Rectangular Pads®. Utilisées pour augmenter l’absorption des protections principales, adaptées aux personnes ayant des besoins d’absorption supplémentaires, notamment la nuit.
- Alèses : Hartmann MoliNea®, Tena Bed®. Pour protéger la literie et les fauteuils, idéales pour les personnes alitées ou passant beaucoup de temps en position assise, offrant une protection supplémentaire contre les fuites.