Face au mal des transports, que conseiller ?

Environ 90 % des personnes éprouveront le mal des transports à un moment de leur vie, un trouble qui se manifeste lorsqu'il y a un conflit entre les systèmes vestibulaire, visuel et proprioceptif. Ce phénomène, fréquemment rencontré lors de voyages en voiture, par mer ou par air, peut considérablement altérer la qualité de vie.

Par Thomas Kassab, publié le 24 mai 2024

Face au mal des transports, que conseiller ?

D’où vient le mal des transports ?

Le mal des transports, ou cinétose, a évolué avec les modes de transport modernes comme les voitures, les trains et les avions. Aujourd’hui, on estime qu’un tiers des personnes sont particulièrement vulnérables à ce trouble, qui peut affecter d’autres personnes sous conditions extrêmes.

Ce trouble résulte d’un conflit sensoriel où les signaux de l’oreille interne et des yeux ne concordent pas, entraînant une confusion neurologique. Cette discordance peut varier d’une personne à l’autre en fonction de facteurs comme l’âge et le sexe.

Il existe deux formes principales de cinétose :

  • Cinétose vestibulaire : provoquée par des variations d’accélération avec des repères visuels stables, observable dans des cas comme le mal de mer ou le mal de l’air.
  • Cinétose visuelle : causée par un mouvement visuel sans variation d’accélération correspondante, souvent expérimentée en voiture ou en train.

Les conflits intravestibulaires se produisent lorsque les signaux des canaux semi-circulaires et des organes otolithiques sont en désaccord. Par exemple, les mouvements brusques de la tête après un virage en avion peuvent induire des symptômes de cinétose par stimulation vestibulaire de Coriolis.

Quant aux conflits visuovestibulaires, ils résultent de contradictions entre les perceptions visuelles et vestibulaires, comme observer le mouvement à travers une fenêtre tout en étant stationnaire.

Pourquoi a-t-on envie de vomir ?

L’envie de vomir durant le mal des transports est principalement due à une dysrégulation du système vestibulaire, situé dans l’oreille interne, qui envoie des signaux contradictoires au centre de vomissement du cerveau. Ce centre, localisé dans la médulla oblongata, reçoit également des informations conflictuelles des systèmes visuel et proprioceptif. Les neurotransmetteurs comme la sérotonine, l’histamine et l’acétylcholine jouent un rôle clé dans la médiation de ces signaux.

Quels sont les facteurs de risque ?

La susceptibilité au mal des transports est influencée par une variété de facteurs individuels et environnementaux. Individuellement, l’âge est un déterminant majeur : les enfants entre 2 et 12 ans sont particulièrement exposés, du fait que leur système vestibulaire n’est pas encore pleinement développé. Les adultes, surtout les femmes, peuvent être plus sensibles, souvent en raison des variations hormonales liées aux cycles menstruels ou à la grossesse. Les individus d’origine asiatique pourraient être génétiquement plus prédisposés à cette condition. Les affections telles que les migraines ou les anomalies vestibulaires augmentent aussi le risque de cinétose. Environnementalement, des éléments comme une ventilation insuffisante, une chaleur excessive, les bruits intenses et les odeurs fortes dans les véhicules peuvent intensifier les symptômes. Un régime alimentaire inapproprié avant le voyage, y compris la consommation d’alcool ou de repas trop gras, peut favoriser l’apparition du mal des transports. La gestion de ces facteurs est essentielle pour réduire les risques et améliorer le confort des voyageurs.

Quels conseils prodiguer ?

  • Choisir le bon siège : dans un avion, les sièges situés au niveau des ailes sont généralement plus stables. Sur un bateau, les cabines au centre et à un niveau inférieur sont moins affectées par les mouvements. Dans une voiture : s’asseoir à l’avant.
  • Fixer un point à l’horizon : cette technique aide à réaligner le sens de l’équilibre en fournissant un point de référence visuel constant.
  • Respirer de l’air frais : l’air frais peut aider à réduire les nausées et à éviter une sensation d’étouffement ou de surchauffe, souvent associée au mal des transports.
  • Manger léger : avant et pendant le voyage, conseillez de manger des aliments légers et non gras. Il est également recommandé d’éviter les aliments épicés ou trop odorants, ainsi que les boissons alcoolisées.

Quel est l’arsenal thérapeutique ?

Pour la prévention et la gestion du mal des transports, plusieurs stratégies médicamenteuses peuvent être utilisées, chacune ayant des indications spécifiques.

Antihistaminiques antiémétiques

Dans la prévention des symptômes de nausée et de vomissement associés au mal des transports, les antihistaminiques antiémétiques tels que Agyrax®, Mercalm®, Nausicalm® ou Nautamine® sont fréquemment utilisés. Ces médicaments agissent en bloquant les récepteurs H1 de l’histamine, ce qui aide à contrôler les réactions du corps face au mouvement.

La posologie généralement recommandée est la prise d’une dose environ une heure avant le départ. Si nécessaire, la dose peut être répétée toutes les six heures pendant le voyage. Cependant, les patients doivent être conscients des effets indésirables potentiels, qui incluent la somnolence, la sécheresse buccale, et parfois des troubles visuels. En raison de ces effets, il est conseillé d’éviter la conduite de véhicules après la prise de ces médicaments.

En outre, il est important de surveiller les interactions médicamenteuses possibles avec d’autres traitements en cours, car les antihistaminiques peuvent amplifier les effets sédatifs d’autres dépresseurs du SNC, comme les opioïdes ou l’alcool.

Scopolamine

Utilisé sous forme de patch transdermique (Scopoderm®), ce médicament anticholinergique est particulièrement efficace pour contrôler les symptômes liés aux troubles vestibulaires, une cause fréquente du mal des transports. Le patch doit être appliqué derrière l’oreille au moins quatre heures avant de voyager et maintenu durant toute la durée du déplacement. Il peut être remplacé tous les trois jours. La scopolamine est contre-indiquée chez les patients présentant un risque de glaucome à angle fermé ou des troubles mictionnels dus à un adénome de la prostate. Les effets secondaires peuvent inclure une sécheresse buccale, de la somnolence et une baisse de la vigilance.

Traitements homéopathiques

Des préparations comme Cocculine®, Famenpax®, et Viaborpax® sont disponibles et revendiquent une action à la fois préventive et curative, bien que leur efficacité soit discutée dans la communauté médicale scientifique.