"J'ai mal à l'oreille !" : que conseiller face aux otalgies ?
Face à un patient souffrant de douleurs auriculaires, l'approche doit être rigoureuse et méthodique. Une douleur à l'oreille peut être le signe de pathologies variées, nécessitant un questionnement précis pour orienter le conseil pharmaceutique.
Outre l’interrogatoire sur la nature et l’évolution de la douleur, des symptômes associés tels que la fièvre ou des sécrétions auriculaires peuvent orienter vers une cause spécifique. En attendant un diagnostic médical, avec otoscopie, des antalgiques pourront temporairement soulager la douleur, tout en restant conscient que le traitement définitif devra être ajusté en fonction du diagnostic établi, incluant potentiellement des antibiotiques.
Compréhension de la pathologie
Définition et symptômes
Les douleurs auriculaires, ou otalgies, peuvent être attribuées à diverses affections de l’oreille. Parmi elles, les otites externes, caractérisées par une inflammation du conduit auditif externe fréquemment associée à une infection bactérienne ou fongique. Les symptômes incluent une douleur aigüe, une sensation de plénitude et parfois un écoulement. Les otites moyennes, en revanche, concernent l’espace derrière le tympan et peuvent être aiguës ou chroniques, avec des symptômes tels que douleur pulsatile, fièvre et troubles auditifs. D’autres causes non infectieuses peuvent être prises en compte, telles que les troubles de l’articulation temporo-mandibulaire ou les douleurs dentaires.
Quelles questions poser au patient ?
L’interrogatoire d’un patient se plaignant de douleurs auriculaires est une étape cruciale de la prise en charge en pharmacie. Le pharmacien doit poser des questions spécifiques pour évaluer l’otalgie :
- Localisation et intensité : est-ce que la douleur est d’un seul côté ou des deux ? Est-elle légère ou forte ?
- Symptômes associés : avez-vous de la fièvre ? Quelle est votre température et comment l’avez-vous mesurée ?
- Facteurs déclenchants : la douleur est-elle survenue après une baignade, un voyage en avion, ou une exposition à des changements de pression ?
- Antécédents récents : avez-vous souffert d’une rhinopharyngite ou d’un rhume dernièrement ?
- Écoulement auriculaire : remarquez-vous un écoulement venant de l’oreille ?
- Audition : avez-vous constaté une baisse de l’audition ?
- Signes généraux : Y a-t-il d’autres symptômes tels que des diarrhées, des vomissements, ou une altération de l’état général ?
Ces questions aideront à déterminer si le patient peut être conseillé en pharmacie ou s’il doit être orienté d’urgence vers un médecin.
Quels conseils donner ?
Dans le conseil pharmaceutique pour les douleurs auriculaires, des produits spécifiques peuvent être recommandés :
- Audispray Dolo® de Cooper : Indiqué pour les adultes et enfants de plus de 6 mois. Mode d’emploi implique l’application de 1 à 2 gouttes, jusqu’à 3 fois par jour.
- Cerualgie® de Bausch & Lomb : Utilisable chez les adultes et les enfants de plus de 12 ans. Posologie : 1 à 2 gouttes, jusqu’à 3 fois par jour.
- Otipax® de Biocodex : Convient pour les adultes et enfants dès 12 mois, avec une posologie de 3 à 4 gouttes, jusqu’à 3 fois par jour.
Pour une action à la fois calmante et désinfectante, il est possible de conseiller :
- Aurigoutte® de P & G : Contient de l’hexamidine et de la lidocaïne, adapté pour les patients dès 1 mois jusqu’aux adultes. Posologie : Adultes : 4 gouttes 3 fois par jour. Nourrissons et enfants : 1 à 2 gouttes, jusqu’à 3 fois par jour.
Les limites du conseil
Dans la gestion des otalgies en officine, le pharmacien doit reconnaître ses limites pour une prise en charge sécuritaire. Les gouttes auriculaires ne sont conseillées que pour les otites externes à tympan fermé, et en l’absence de visibilité sur le tympan, leur délivrance est à proscrire. Une consultation médicale est impérative en présence de signes de gravité tels que fièvre élevée, écoulements ou perte auditive soudaine.