La dermatite atopique : les conseils clés à l'officine
Affection inflammatoire chronique de la peau, la dermatite atopique touche jusqu'à 20 % des enfants en France, avec un impact significatif sur leur qualité de vie. En officine, le pharmacien peut jouer un rôle essentiel dans le repérage, l'éducation thérapeutique et le conseil de soins adaptés, tout en sachant identifier les situations qui nécessitent une orientation médicale.

Qu’est-ce que la dermatite atopique ?
La dermatite atopique (eczéma atopique) est une maladie inflammatoire chronique non contagieuse de la peau, résultant d’anomalies immunitaires et d’une altération de la barrière cutanée. Elle se traduit par une peau très sèche associée à des plaques rouges qui démangent intensément (prurit), s’aggravant en cas de grattage. Les lésions apparaissent par poussées successives et peuvent se surinfecter si on les gratte de façon excessive. Chez le nourrisson, les éruptions siègent volontiers sur le visage et les membres, puis en grandissant, elles prédominent dans les plis (cou, coudes, genoux).
La dermatite atopique s’atténue souvent avec l’âge (disparition vers 5 ans dans près de la moitié des cas), mais elle peut persister à l’âge adulte. Elle s’inscrit fréquemment dans un terrain atopique familial (asthme, rhinite, etc.), et son retentissement au quotidien est important en raison du prurit (troubles du sommeil, irritabilité…).
La dermatite atopique s’intègre fréquemment dans la « marche atopique » aux côtés de l’asthme et de la rhinite allergique. Environ 70 % des patients souffrant d’eczéma atopique ont des antécédents personnels ou familiaux d’asthme ou de rhinite allergique
Facteurs déclenchants et aggravants
Environnement
Parmi les facteurs environnementaux, on retrouve les irritants cutanés (savons classiques, détergents, produits chimiques), les tissus rugueux comme la laine ou certaines fibres synthétiques, le froid et la sécheresse de l’air en hiver. À l’inverse, une chaleur excessive et la transpiration peuvent aussi intensifier le prurit et l’inflammation.
Allergènes
Les allergènes courants jouent généralement un rôle : acariens de la poussière, pollens, poils d’animaux ou certains aliments (œuf, arachide, lait…) sont susceptibles de favoriser des poussées chez certains patients. Des tests allergologiques peuvent être utiles pour identifier ces éventuels facteurs et orienter les mesures d’éviction.
Stress
Le stress et les émotions sont des éléments bien connus pour influencer l’évolution des maladies atopiques. Des périodes de stress ou de conflit s’accompagnent fréquemment d’une recrudescence de l’eczéma.
Prévention et conseils en officine
La prise en charge de l’eczéma atopique repose avant tout sur des mesures d’hygiène de vie et de soin visant à espacer les poussées. Voici les principaux conseils à transmettre au patient atopique :
- Toilette douce : éviter les bains prolongés et l’eau très chaude qui dessèchent la peau. Préférer des douches courtes tièdes en utilisant un nettoyant doux sans savon (syndet) ou un pain surgras. Sécher la peau en tamponnant avec une serviette (sans frotter).
- Hydratation quotidienne : appliquer un émollient (crème hydratante) chaque jour sur tout le corps, de préférence juste après la douche sur peau encore légèrement humide, afin d’aider à restaurer la barrière cutanée et à espacer les poussées.
- Environnement sain : réduire l’exposition aux allergènes domestiques. Une lutte anti-acariens rigoureuse est recommandée : aérer régulièrement le domicile, passer l’aspirateur, laver la literie chaque semaine à 60 °C. Il est également conseillé d’éviter les tapis, moquettes et la fumée de tabac, qui peuvent aggraver l’eczéma.
- Vêtements adaptés : privilégier les textiles doux (coton) au contact de la peau, et éviter la laine ou les tissus irritants.
- Éviter le grattage : le grattage entretient l’inflammation (cercle vicieux « démangeaison-grattage »). Il faut couper les ongles courts pour limiter les lésions en cas de grattage. Chez le jeune enfant, on peut faire porter des gants en coton la nuit afin d’éviter les griffures involontaires durant le sommeil.
Que conseiller ?
En officine, plusieurs solutions peuvent être proposées pour soulager la peau atopique en dehors des phases aiguës :
- Nettoyants surgras sans savon : des gels ou huiles lavantes formulés pour les peaux atopiques nettoient l’épiderme sans l’agresser ni le dessécher. Exemples : gel moussant émollient A-Derma Exomega®, huile lavante Avène XeraCalm AD®…
- Crèmes émollientes : ces soins hydratants sont indispensables pour nourrir la peau et restaurer le film hydrolipidique. Ils doivent être appliqués quotidiennement pour un effet optimal. La texture sera adaptée selon la sécheresse de la peau et la saison (lait fluide en été, baume riche en hiver) afin d’assurer une bonne observance. Exemples : Avène XeraCalm AD® crème, La Roche-Posay Lipikar AP+® baume, Bioderma Atoderm®…
- Soins anti-démangeaisons : pour calmer rapidement le prurit en cas de poussée, on peut proposer des produits apaisants sans cortisone (crème ou spray). Ils procurent un effet frais et apaisant qui aide à rompre le besoin de se gratter. Exemples : Avène XeraCalm AD® concentré et Bioderma Atoderm SOS® spray.
Limites du conseil officinal : quand orienter vers un médecin
Certains cas doivent faire l’objet d’une orientation médicale :
- Lésions surinfectées : présence de suintements, croûtes purulentes ou vésicules évocatrices d’infection (impétigo, eczéma herpétique).
- Échec du traitement ou eczéma étendu : absence d’amélioration après quelques jours de soins réguliers ou poussée très étendue.
- Doute diagnostique ou allergie sévère : en cas de symptômes atypiques ou de suspicion d’une allergie grave associée.
Conseils clés à communiquer
- Prendre des douches tièdes courtes plutôt que des bains chauds prolongés. Utiliser un gel lavant sans savon adapté aux peaux atopiques.
- Hydrater sa peau tous les jours avec une crème émolliente (idéalement juste après la toilette).
- Éviter de se gratter. Couper les ongles très courts. Pour les enfants, utiliser si besoin des moufles en coton la nuit afin d’éviter les griffures.
- Porter des vêtements en coton de préférence, et éviter le contact de la laine ou des textiles irritants avec la peau.
- Assainir l’environnement : aérer le logement quotidiennement, réduire la poussière (aspirateur fréquent, literie lavée à 60 °C chaque semaine), éviter l’exposition aux allergènes (acariens, poils d’animaux…).