Mycose intime : que conseiller ? Guide pratique

Les infections vulvovaginales liées aux mycoses figurent parmi les troubles gynécologiques les plus courants. Environ 75 % des femmes seront concernées par cette pathologie au moins une fois dans leur vie. Principalement provoquées par le champignon Candida, souvent d'origine intestinale, elles sont majoritairement causées par la souche Candida albicans.

Thomas Kassab, DU de pharmacie clinique, publié le 05 juin 2024

Mycose intime : que conseiller ? Guide pratique

Flore de Döderlin

La flore de Döderlein, constituée principalement de lactobacilles, comme L. crispatus, L. jensenii et L. gasseri, est un élément fondamental de l’équilibre vaginal. Ces bactéries bénéfiques produisent de l’acide lactique et des substances antimicrobiennes, maintenant ainsi un environnement acide inhospitalier pour les agents pathogènes, y compris les champignons responsables des mycoses vulvovaginales. En plus de maintenir un pH vaginal favorable, la flore de Döderlein aide à prévenir les infections vaginales en limitant la croissance des micro-organismes nuisibles.

La mycose intime en bref

Les mycoses intimes, principalement les infections vulvovaginales, sont causées par la prolifération de champignons du genre Candida, habituellement présents en petites quantités dans le corps humain. Candida albicans est le plus commun de ces champignons et se trouve naturellement dans la flore intestinale et sur d’autres muqueuses, sans causer de maladies. Cependant, des déséquilibres, comme ceux causés par des perturbations hormonales, l’utilisation d’antibiotiques, un système immunitaire affaibli, ou une hygiène inadéquate, peuvent favoriser leur croissance excessive. Cette prolifération conduit à l’infection, se manifestant par des symptômes tels que démangeaisons, rougeurs et pertes inhabituelles.

Quel diagnostic ?

Le diagnostic des mycoses vulvovaginales en pharmacie repose sur l’évaluation des symptômes décrits par la patiente. Ces symptômes incluent typiquement une irritation intense, des démangeaisons, et parfois des brûlures vulvaires accompagnées de pertes blanches, épaisses et non odorantes. Il est important de distinguer ces signes de ceux d’autres affections telles que les infections bactériennes ou les vaginoses, qui peuvent requérir un traitement différent. Le conseil consiste à évaluer les symptômes pour suggérer un traitement antifongique approprié et à recommander une consultation médicale si les symptômes sont atypiques ou récurrents.

Modification du pH

L’identification des déséquilibres de la flore vaginale peut être facilitée par une automesure du pH vaginal, normalement situé entre 3,5 et 4,5 chez les femmes non ménopausées. Un pH vaginal augmenté peut confirmer la présence d’un déséquilibre. Par exemple, le dispositif médical HydralinTest® Auto-Test Vaginal de Bayer offre une solution pratique pour identifier les infections vaginales les plus courantes.

Quelles stratégies thérapeutiques ?

En cas de mycose vulvovaginale, l’utilisation d’un ovule antifongique à base d’imidazole (Gyno-Pevaryl®), de fenticonazole (Lomexin®) ou de clotrimazole (MycoHydralin®) est conseillée. Ces ovules ou comprimés vaginaux sont à insérer le soir au coucher, et, selon les cas, un renouvellement est nécessaire pour les formes non LP :

  • Après trois jours pour le Lomexin® 600 mg,
  • Les deux soirs suivants pour MycoHydralin® 200 mg.

Pour traiter efficacement une mycose vulvovaginale, qu’elle soit isolée ou associée à d’autres symptômes, l’application topique d’une crème contenant de l’éconazole, du sertaconazole ou du clotrimazole est recommandée, à raison de deux fois par jour, pour une durée de traitement de 7 à 10 jours.

Les conseils associés

Outre les traitements antifongiques, il est essentiel de recommander des mesures d’hygiène et de prévention aux patientes. Parmi ces recommandations figurent :

  • Le port de sous-vêtements en coton,
  • L’évitement des vêtements trop serrés,
  • La prise de douches plutôt que de bains,
  • Le séchage méticuleux de la région du périnée,
  • L’utilisation de produits d’hygiène intime adaptés et non abrasifs.

Enfin, il est essentiel d’informer d’utiliser des préservatifs sans latex durant la durée du traitement, car les antifongiques fragilisent les préservatifs en latex en les rendant poreux.

Quels probiotiques conseiller ?

Depuis 2022, la réglementation européenne a interdit la prescription de probiotiques par voie locale dans le but de réensemencer la flore en lactobacilles. Les probiotiques per os peuvent exercer un effet bénéfique sur la flore vaginale en raison de leur capacité à coloniser l’intestin et à migrer vers le vagin. Cette migration est facilitée par les voies naturelles de communication anatomique, notamment le périnée et la vulve.

Ainsi, des formulations contenant une combinaison de L. gasseri et L. rhamnosus GG, telles que Symbiosys Intimalia® de Biocodex ou Ergyphilus Intima® de Nutergia, peuvent être recommandées.

La souche L. plantarum s’est avérée efficace notamment dans les cas de candidose vaginale récidivante, et on la retrouve par exemple dans Hydralin IntimiFlor® de Bayer ou encore Feminabiane Intima® de PiLeJe. Une candidose vaginale est dite récidivante dès lors qu’on atteint 4 épisodes par an.

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