» Avez-vous quelque chose de naturelle contre la constipation ? « 

Aspects cliniques de la constipation

La constipation se définit par une insatisfaction du patient vis-à-vis de son transit intestinal, caractérisée par des selles peu fréquentes, dures et une évacuation difficile ou incomplète. Un transit est considéré comme normal avec une fréquence de trois selles par jour à trois par semaine. En France, 15 à 35 % des adultes ressentent des troubles de constipation, avec une prédominance chez les femmes. La prévalence augmente avec l’âge, affectant particulièrement les personnes de plus de 65 ans. La constipation peut être due à diverses causes, incluant des mauvaises habitudes de vie (manque d’exercice, alimentation déséquilibrée), des conditions physiologiques (vieillissement, grossesse), des pathologies (neurologiques, endocriniennes) et des effets iatrogènes liés à la prise de certains médicaments.

Classification

  • Constipation occasionnelle : survient de manière transitoire, souvent due à des circonstances exceptionnelles.
  • Constipation secondaire : résulte d’une cause sous-jacente identifiable, telle qu’une obstruction mécanique ou une maladie métabolique.
  • Constipation fonctionnelle idiopathique : aucune cause identifiable, souvent chronique et diagnostiquée selon les critères de Rome IV.

Prise en charge de première intention

  • Constipation organique : nécessite un traitement spécifique basé sur l’étiologie, telle que la correction d’une obstruction mécanique ou la prise en charge d’une maladie sous-jacente identifiée par des examens cliniques et paracliniques approfondis.
  • Constipation fonctionnelle : le traitement repose sur une approche symptomatique et comportementale, avec une adaptation des habitudes de vie et des interventions non pharmacologiques avant d’envisager des traitements médicamenteux.
  • Mesures hygiéno-diététiques : recommandent une hydratation adéquate (au moins 1,5 à 2 litres d’eau par jour), une alimentation riche en fibres (25 à 30 g par jour), la gestion du stress, une activité physique régulière et l’adoption d’une position physiologique pour la défécation (position accroupie).
  • Recours aux laxatifs : envisagés lorsque les mesures hygiéno-diététiques sont insuffisantes. Les laxatifs osmotiques, de lest, émollients ou stimulants sont utilisés selon la tolérance et la réponse du patient, avec une surveillance pour éviter les effets indésirables et les interactions médicamenteuses.

Quelles plantes laxatives proposer ?

Le Lin (Linum usitatissimum L.)

Les graines de lin sont riches en mucilages, des fibres solubles qui augmentent le volume des selles et stimulent le transit intestinal. Posologie : 10 à 20 g de graines broyées, à prendre avec une grande quantité d’eau, jusqu’à trois fois par jour. Exemple : Mix Transit® de SuperDiet.

Le Psyllium noir ou brun (Plantago afra L., Plantago indica L.)

Les graines de psyllium sont également riches en mucilages. Elles absorbent l’eau dans les intestins, augmentant le volume des selles et facilitant leur passage. Posologie : 5 à 10 g de graines avec 200 ml d’eau, une à trois fois par jour. Exemple : Spagulax®, produit par Mylan.

L’Ispaghul ou Psyllium blond (Plantago ovata Forssk.)

Semblable au psyllium noir, l’ispaghul forme un gel mucilagineux qui facilite le transit intestinal. Posologie : 5 à 10 g de graines avec un grand verre d’eau, une à trois fois par jour. Exemple : Transilane®, produit par Ipsen.

Les plantes spasmolytiques et carminatives

En complément des laxatifs, certaines plantes peuvent aider à réduire les spasmes intestinaux et les ballonnements, souvent associés à la constipation.

La Mélisse (Melissa officinalis L.)

Les feuilles de mélisse ont des propriétés antispasmodiques et sédatives, aidant à soulager les douleurs abdominales et le stress souvent lié à la constipation. Posologie : infusion de 2 à 3 g de feuilles séchées dans 150 ml d’eau, trois fois par jour.

La Menthe poivrée (Mentha x piperita L.)

Les feuilles de menthe poivrée sont utilisées pour ses effets antispasmodiques et carminatifs, réduisant les ballonnements et les spasmes intestinaux. Posologie : infusion de 1 à 2 g de feuilles séchées dans 150 ml d’eau, trois fois par jour.

La Camomille allemande (Matricaria recutita L.)

Les fleurs de camomille possèdent des propriétés anti-inflammatoires et antispasmodiques, aidant à apaiser les troubles digestifs. Posologie : infusion de 2 à 3 g de fleurs séchées dans 150 ml d’eau, trois fois par jour.

Quid du séné ?

Les plantes laxatives stimulantes, comme le séné (Cassia senna), sont de moins en moins utilisées en raison des préoccupations réglementaires et de sécurité. Les dérivés hydroxyanthracéniques qu’elles contiennent ont été jugés génotoxiques et cancérogène par l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments), entraînant une interdiction ou une restriction de leur usage dans les compléments alimentaires. En 2021, des réglementations ont été mises en place pour interdire ces substances à des concentrations supérieures à 1 ppm dans les produits finis.